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Cash Investigation : comment les multinationales contrôlent et modifient les variétés de semences

Publié le 18 juin 2019 par Bioaddict @bioaddict
Fruits et légumes industriels sans goût ni nutriments mais qui ne pourrissent pas, pain difficile à digérer à cause d'un gluten surpuissant mais qui gonfle plus facilement et rapidement à la cuisson... Elise Lucet révèle comment les industriels contrôlent et modifient les semences à leur avantage quitte à nous faire manger n'importe quoi. Une nouvelle enquête de Cash Investigation diffusée le mardi 18 juin à 21h10 sur France 2. Cash Investigation : comment les multinationales contrôlent et modifient les variétés de semences ¤¤ "Multinationales : hold-up sur nos fruits et légumes", une enquête de Linda Bendali pour le magazine Cash Investigation présenté par Elise Lucet. Diffusion le mardi 18 juin 2019 à 21h00 sur France 2.

Le brevetage du vivant : la firme Monsanto a toujours avoué que la manipulation génétique était un moyen d'obtenir des brevets et droits de propriété sur les graines. En contrôlant les semences, la firme peut contrôler la nourriture mondiale. Une sorte de pouvoir de vie ou de mort sur l'être humain.


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"Bio ou pas, presque tous les fruits et légumes achetés par les consommateurs sont calibrés comme des produits industriels. Pour cela, les multinationales ont mis au point des semences totalement standardisées. Et qui sont désormais la propriété d'une poignée de géants mondiaux comme l'allemand Bayer-Monsanto, Syngenta, ou le français Limagrain qui pèse plus de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Un business mondialisé où la graine se vend plus cher que de l'or. Le kilo de graines de tomate peut atteindre 400 000 euros !" révèle Cash Investigation qui a notamment enquêté sur les semences de blé et de tomates, "des semences qui ont été croisées, sélectionnées, pour créer des produits standardisés, calibrés comme des produits industriels".

Pourquoi vos tomates n'ont aucun goût ?

Elles sont partout dans les supermarchés : des tomates de longue durée qui affichent une splendide couleur rouge et ne pourrissent pas pendant des semaines... L'équipe de Cash Investigation est allé en Israël rendre visite à l'inventeur de cette "tomate de laboratoire" cultivée hors-sol, sur des tuyaux, dans des serres industrielles... A force de croiser des milliers de plants, le professeur Haim Rabinowitch a conçu un fruit qui ne pourrit qu'au bout de trois semaines. Le problème, c'est que cette tomate n'a "aucun goût", reconnaît-il lui-même en toute franchise. Et qu'elle a perdu une grande partie de ses nutriments... Et il n'y a pas que la tomate qui est concernée. Cash Investigation a analysé un par un, les 70 fruits et légumes les plus consommés par les Français. En soixante ans, ils ont perdu en moyenne 16% de calcium, 27% de vitamine C et 48% de fer. Aux États-Unis, Donald Davis a étudié l'évolution de 43 aliments entre 1950 et 1999. "Je suis arrivé à la conclusion que ce déclin est lié en partie à la hausse du rendement. Plus le rendement augmente, moins il y a de nutriments dans les fruits", détaille-t-il. Il précise : "En soixante ans, la tomate a perdu 59% de vitamine C. 850 000 tonnes sont vendues par an en France, 15 fois plus que les haricots verts. Les Bretons sont devenus les plus gros producteurs de l'Hexagone grâce aux marques Savéol, Prince de Bretagne ou Solarenn. Plus de 90% des tomates du territoire sont cultivées hors-sol, dans des serres chauffées à 21 °C. Cette technique pourrait être à l'origine de la baisse en nutriments de ces fruits."

Gluten : ce pain que certains consommateurs ne digèrent plus

Cash Investigation s'est également rendue en Inde, où les multinationales font produire leurs graines. Elle y a découvert des femmes et des enfants qui triment pour une poignée de roupies. Le magazine présenté par Elise Lucet a enquêté sur ces blés destinés à la fabrication de pains que certains consommateurs ne digèrent plus à cause d'un gluten surpuissant qui entraîne des intolérances alimentaires.. L'hypersensibilité au gluten n'est en effet pas seulement une mode et il y a des raisons pour expliquer que les partisans de l'alimentation sans gluten soient aussi nombreux... On y apprend ainsi que Jacquet, le géant français du pain de mie (filiale du semencier Limagrain), vend aux agriculteurs des variétés de graines dont les propriétés ont été boostées pour permettre une panification optimisée. L'enquête va plus loin, révélant l'existence de semences de blé enrobées de pesticides, non inscrites au catalogue officiel, mais facturées aux agriculteurs sous le terme d'ATSF (Assistance technique et savoir-faire).

Les variétés de semences hybrides sont devenus la norme imposée

Il faut savoir que les multinationales imposent des variétés hybrides et rendent ainsi captifs les agriculteurs avec des graines qui ne peuvent être replantées d'une année sur l'autre et doivent être rachetées à chaque semis. De plus, pour être commercialisée, une variété de fruits et légumes doit être inscrite, moyennant finance, à un catalogue officiel, supervisé par le Groupement national interprofessionnel des semences et plants (GNIS) composé des industriels qui vendent les semences. Nombreux sont ceux qui s'élèvent contre ce "hold-up". Cash Investigation a ainsi interviewé le chef cuisinier Olivier Roellinger, qui dénonce cette "privatisation du vivant, le garde-manger de l'humanité" et qui fabrique ses semences "maison", non certifiées, dites paysannes. Jean-François Berthelot, qui fabrique du pain au levain à l'ancienne près d'Agen, sera également présent sur le plateau de Cash investigation lors du débat qui prolonge l'émission. Tout comme le fondateur du Réseau paysan 21, Maxime Schmitt, qui distribue en circuit court les fruits et les légumes de petits producteurs dans la région de Nice.

Les semences paysannes réautorisées, mais seulement en agriculture biologique

Les semences dites paysannes sont celles qu'un agriculteur va directement prélever dans sa récolte afin de les replanter; elles sont issues des semences utilisées par les paysans avant l'industrialisation de l'agriculture. Jusqu'en 2017, les agriculteurs bio n'avaient pas accès aux variétés anciennes, issues d'une sélection paysanne traditionnelle car elles étaient hors la loi. La législation européenne a depuis autorisé les agriculteurs bio à vendre leur propre semence, mais en quantité limitée et selon des modalités restant à définir. Le débat sur le plateau après la diffusion des reportages portera sur cette question essentielle.

"Multinationales : hold-up sur nos fruits et légumes", une enquête de Linda Bendali diffusée mardi 18 juin 2019 à 21h10 sur France 2.

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