Joomeo pourrait-il être une solution viable pour stocker ses vidéos en ligne ? Par le passé, je vous ai vanté les mérites du Cloud de Real Player, une solution dédiée à la sauvegarde dans le nuage de photos mais aussi et surtout de vidéos. Le compte gratuit était certes limité à 2Go, mais l’idée était louable, jusqu’à ce que Real décide que son offre n’était plus rentable et ne supprime purement et simplement les comptes gratuits. Depuis, je recommande à ceux qui veulent sauvegarder leurs vidéos dans le cloud de passer par Google Photos s’ils tiennent à le faire gratuitement (le stockage est illimité si on se contente de sauvegarder ses vidéos en full HD) ou à payer pour Microsoft OneDrive s’ils peuvent investir quelques euros (l’abonnement à l’année donne accès à un Terra de stockage, en plus d’un abonnement à la suite Office).
De nombreux autres services en ligne existent, de Mega à pCloud, au point qu’il n’est pas toujours facile de savoir lequel favoriser ou à qui accorder sa confiance. C’est par hasard que je suis tombé sur Joomeo, qui semble pourtant être sur le marché depuis plusieurs années. Joomeo se targue d’offrir un stockage en ligne illimité, gratuitement, sur des serveurs français. Une promesse ambitieuse ?
Une version gratuite peu convaincante
Ce qui m’intéresse, c’est évidemment de savoir si on peut se servir de Joomeo tant personnellement que professionnellement pour stocker ses vidéos. C’est donc sur ce point que je vais me concentrer. Derrière la promesse initiale de Joomeo, il y a malheureusement quelques toutes petites lignes à lire en bas de page. L’offre gratuite n’offre en effet qu’un espace de stockage de 2 Go (soit la même chose qu’un Dropbox), avec une limite de 20Mo par fichier. Une vidéo de 20Mo, ça ne représente malheureusement pas grand chose… Pour vous donner une idée, 20Mo, c’est une vidéo de 7 secondes en Full HD enregistrée par mon smartphone en H264.
Il n’y a pas de secret, pour stocker de manière sérieuse de la vidéo sur Joomeo, il va falloir payer. L’offre Focus, à moins de 3 euros par mois, permet par exemple un stockage illimité de vidéos ! Le revers de la médaille est encore une fois la limite de taille par fichier, qui est de 50Mo par vidéo. Si vous enregistrez des vidéos de plus de 30 secondes avec votre smartphone, vous allez vite atteindre cette limite… Pour s’en libérer, il faudra opter pour l’offre Dynamic, qui fait grimper la taille maximale des fichiers à 2Go, pour un peu moins de 6 euros par mois (si on souscrit à l’abonnement annuel).
Autre limitation des comptes gratuits, l’impossibilité de lire les vidéos en ligne. C’est dommage, puisque chez les concurrents, que ce soit Google Drive, OneDrive ou Dropbox, les comptes gratuits le permettent. Avouons que ça ne démarre pas bien fort… Néanmoins, Joomeo n’impose pas d’affichage de publicités sur son interface. Enfin un point positif !
En pratique, la création de compte se fait en moins de deux minutes, sans aucune difficulté. L’envoi des premiers fichiers est lui aussi très facile, et peut se faire directement en ligne, via l’interface web, ou via une application dédiée, disponible autant pour ordinateur que pour mobile.
A l’inscription, une adresse personnalisée est créée, permettant de rejoindre facilement son espace. On peut ensuite organiser sa médiathèque au sein de dossiers ou sous formes d’albums, voire classer ses albums dans des dossiers. L’interface est claire et bien pensée.
J’ai testé l’envoi de différents types de fichiers vidéo et je n’ai rencontré aucune erreur. Il faut dire que je n’ai rien envoyé d’exotique, et pour cause : Joomeo précise bien n’accepter que certains formats (avi, mov, mpg, mp4), tant pis pour les autres. Néanmoins, pour avoir tenté des fichiers 3gp (format produit par les téléphones) ou m4v, les deux ont été chargés sans problèmes. Les fichiers qui ne sont ni des photos, ni des vidéos, sont par contre purement et simplement refusés.
Si le site ne parle que de résolution Full HD (1080p) dans la description de son stockage de vidéo, je pense qu’il est uniquement question de ses capacités de streaming. Concernant le stockage, j’ai pu y envoyer sans problème un fichier vidéo 4K et le télécharger ensuite sans perte de qualité. Certes, un fichiers 4K de 20Mo, c’est parfaitement inutile, mais ça permet de juger des capacités de la plateforme.
Au point de vue du stockage de vidéos, les comptes gratuits sont donc rapidement insuffisants et ce n’est pas l’objectif de la plateforme d’encourager cette pratique. A moins de ne chercher à y stocker que les vidéos issues de ses stories Instagram, un usage comme un autre, il sera donc impossible d’utiliser Joomeo pour y sauvegarder ses vidéos au frais de la princesse.
Pour les professionnels ?
D’un point de vue professionnel, Joomeo peut-il tirer son épingle du jeu ? Peut-être, mais seulement avec l’offre Dynamic. C’est la seule à permettre la lecture en ligne des fichiers stockés sur Joomeo, ce qui devrait être un des usages les plus courant de la plateforme, par exemple pour envoyer une vidéo à son client pour approbation.
Autre avantage de l’offre Dynamic, la possibilité de personnaliser son espace à travers un thème, l’ajout d’un filigrane sur les photos, voire l’ajout de son propre logo (en option d’après le site… je ne suis pas sûr de ce que ça signifie). C’est à nouveau un vrai plus pour les professionnels qui souhaitent utiliser la plateforme comme vitrine auprès de leurs clients.
A cette fin, Joomeo propose un gestionnaire de contacts plutôt complet, avec des fonctions avancées permettant d’attribuer un nom d’utilisateur et un mot de passe, de donner l’autorisation d’afficher les dossiers, de commenter ou de télécharger les fichiers, et bien plus encore.
Des statistiques de consultations et de téléchargement viennent compléter l’offre, histoire de garder un œil sur la manière dont sont vues ses créations. Pour les photographes, il y a aussi possibilité de créer sa boutique pour vendre ses clichés moyennant une commission, ce qui n’est malheureusement pas possible pour les vidéos.
A 6 euros par moi, Joomeo se positionne face à l’offre Plus de Vimeo, qui propose un espace de stockage de 250Go par an (versus l’illimité de l’offre Dynamic), sans limite de taille par fichier (2Go chez Joomeo) et on gagne au passage un lecteur intégrable sur n’importe quel site web. On perd par contre le gestionnaire de contact ou la possibilité de stocker et d’imprimer des photos.
Proposé par Photoweb.fr, spécialiste de l’impression photo depuis 2000 (dixit Google), le service offert par Joomeo a d’ailleurs un objectif évident : celui de stimuler l’activité d’impression et de création d’albums photos de Photoweb, par les utilisateurs de Joomeo. Outre l’intérêt commercial, le concept a le mérite d’offrir une suite tout-en-un à ceux et celles qui souhaitent stocker leurs photos et en obtenir des tirages facilement.
C’est ce public, bien plus que les professionnels de la vidéo, qui intéresse Joomeo.
Faut-il craquer pour Joomeo ?
On l’a vu par le passé, le stockage en ligne, lorsqu’il est gratuit, est une entreprise plus que périlleuse. RealTimes a jeté l’éponge, Hubic, la solution cloud d’OVH, a suspendu les nouvelles inscriptions, et même Dropbox a ajouté de nouvelles limitations à son offre gratuite. Dans ces conditions, je ne saurais que conseiller la prudence à ceux désireux d’utiliser Joomeo dans la durée sans rien lui verser en retour.
Si le service me paraît plus pérenne dans son offre payante, celle-ci intéressera en premier lieu les personnes qui souhaitent uniquement y stocker leurs photos, les restrictions en termes de poids par fichier devenant alors plus acceptables. Mais une fois encore, seule l’offre Dynamic sera intéressante pour les professionnels de la photo puisqu’il s’agit de la seule à gérer les fichiers RAW. L’offre Focus ne se destine finalement qu’aux amateurs éclairés, ceux qui disposeront de beaucoup de photos et qui voudront pouvoir les stocker facilement en ligne, les partager avec leurs amis et les imprimer dans la foulée.
Autre public cible potentiel, les vidéastes indépendants désireux de disposer d’un espace de stockage et de partage efficace et personnalisable. Mais un compte Vimeo Plus n’est-il pas alors plus intéressant pour eux ? Pour ceux uniquement intéressés par du stockage, un abonnement au OneDrive de Microsoft restera une option moins coûteuse, à moins de vouloir y stocker plus d’un Terra de vidéos.
Reste l’argument imparable de Joomeo, la promesse de stocker vos données en France, là où la majorité des autres acteurs les envoient outre-Atlantique. C’est finalement dans ce rôle d’alternative aux GAFA que le service joue sa meilleure carte. Est-ce que cela suffira pour que Joomeo soit prophète en son pays ? Rien n’est moins sûr.