Une histoire de la pudeur publique
XIXe-XXIe siècle
Marcela Iacub
Ed Fayard, 2008
En 1857, un groupe de jeunes gens s'abandonnant aux joies d'une
partouze dans un hôtel particulier sont condamnés pour outrage public à
la pudeur, parce qu'un curieux les épiait par le trou de la serrure. En
1893, les étudiants des Quatr'z Arts déclarent aux juges la guerre du
nu. Dans les années 1960, les nudistes et les femmes en monokini
provoquent des controverses passionnées. Chaque fois les mêmes
questions se posent :
où finit le public et où commence le privé ? Que
peut-on montrer, que doit-on cacher ?
A travers une enquête qui mêle le
droit, l'architecture, la littérature et la psychiatrie, Marcela Iacub
raconte l'histoire de la pudeur publique. On y découvre comment le
droit a longtemps partagé le monde visible entre licite et illicite,
substituant à l'espace réel un espace institutionnel et politique.
Aujourd'hui, ce vieux mot de pudeur a disparu de nos codes pour être
remplacé par celui de Sexe. Mais, loin de faire le récit épique d'une
liberté durement conquise, Marcela Iacub analyse les transformations
des techniques par lesquelles l'Etat s'est donné notre sexualité en
spectacle au cours des deux derniers siècles, et a conditionné nos
espaces, nos vêtements, nos pratiques et même certaines de nos maladies
mentales.
Elle invite ainsi à une histoire politique du regard. On
retrouve dans Par le trou de la serrure les ingrédients qui ont fait le
succès des précédents ouvrages de Marcela Iacub : un examen sans
concession des illusions de notre prétendue libération sexuelle, et un
art tout particulier de faire du droit une discipline totale, à la fois
poétique et critique.
Marcela Iacub est Juriste et chercheuse au CNRS.
A écoutez sur France Inter-Le beau monde-Emission du lundi 14 juillet 2008-De 20h10 à 21h-