Too Old to Die Young // Saison 1. Episode 1. Volume 1 : The Devil.
Alors que le Festival de Cannes a annoncé vouloir bannir les productions des plateformes de streaming, une a pourtant résisté et c’est Too Old to Die Young, de Nicolas Winding Refn (Drive, Only God Forgives). En effet, les épisodes 4 et 5 ont été présenté Hors Compétition lors du dernier Festival de Cannes, un constat étonnant dans le sens où Too Old to Die Young est une série produite par Amazon Prime. Construite comme un film de 13 heures (et pas vraiment comme une série), Too Old to Die Young est une plongée hypnotique dans les bas fonds de Los Angeles à laquelle je ne m’attendais pas forcément. On retrouve alors la mise en scène de Nicolas Winding Refn à tous les coins de rue, une bande originale savoureuse et fantastique qui permet de plonger la tête la première dans un monde dont il est difficile de se sortir. Nous voilà alors face à une sorte de western moderne comme il aime si bien le faire, avec une progression lente et fascinante dans un univers pourtant facile et simpliste : celui du crime drama. Quand on regarde ce premier épisode, on a réellement l’impression de regarder un film d’une heure et demie, sans pour autant avoir de conclusion à l’histoire (dans le sens où celle-ci a été construite sur 10 épisodes pour 13 heures d’images).
Dans les bas-fonds de Los Angeles, le quotidien d'un officier de police endeuillé à la suite du meurtre de son coéquipier. Autour de lui, des tueurs à gages, des yakuzas, des cartels mexicains, la mafia russe et des gangs d'adolescents assassins.
En présentant Too Old to Die Young, Refn n’a pas décrit sa série comme une série ou comme un film dans le sens où pour lui ce n’est ni l’un ni l’autre mais du « streaming, une forme qui incarne le futur ». Dans ce portrait d’une Amérique sanglante où le meurtre d’un policier afro-américain sert de trame de départ, Too Old to Die Young n’a pas de pitié pour ses personnages et va alors puiser les retranchements d’un Los Angeles bien loin des paillettes et du rêve que la ville est sensée nous vendre. Grâce à une galerie de personnages atypiques et complémentaires, Refn offre une vision complète des choses assez fascinante. Nous suivons alors au milieu de tout cela les aventures de Martin Jones (incarné par un Miles Teller parfait, malgré sa difficulté à trouver des rôles ces dernières années). Le réalisateur et co-scénariste de la série travaille alors ici un produit étonnant, loin de ce que l’on a pour habitude de voir, mais proche aussi des tentatives récentes d’Amazon ou encore Netflix qui entrent dans une ère où les réalisateurs de films d’auteur font eux aussi des séries (Woody Allen l’a fait pour Amazon et c’était un échec, David Fincher l’a fait deux fois pour Netflix et ce n’était pas toujours une réussite malgré une mise en scène solide) et bien d’autres encore s’essayent.
Globalement, « The Devil » est un solide premier chapitre qui ne m’a pas empêché de poursuivre l’aventure. Le second épisode dont je n’ai pour le moment vu que la première moitié était tout aussi fascinant lui aussi. Dans une ambiance parfois angoissante, Too Old to Die Young n’a pas froid aux yeux et glace le sang comme il se doit. Une série d’auteur, sur un service de streaming, c’est le futur comme dirait Refn.
Note : 9/10. En bref, fascinante première incursion dans ce « film » de 13 heures.