Il y a moi qui me dissous dans l'infiniment grand

Publié le 13 juin 2019 par Paulo Lobo
Voilà ce que je pourrais qualifier de jour merveilleux : il y a du soleil, un petit vent léger, il ne fait ni trop chaud ni trop froid, la nature est luxuriante, d’un vert qui respire le grand air des plaines élargies, ma rue est calme et tranquille, il ne manquerait qu’une petite fanfare locale ou un petit groupe de jazz qui balancerait une musique entraînante. De temps en temps un cycliste, des enfants qui jouent dans une belle insouciance, et moi bien sûr, conscient de ma position dans le monde, seul maître à bord de mon mètre carré au sol, seul arpenteur d’un quartier emmitouflé au creux de la nuit.
Qui peut savoir ce que nous réserve le présent ? Je suis la route, je suis celui qui marche, fatigué mais incassable, j’avance silencieusement, subrepticement, j’avance, malgré moi, malgré le silence, j'avance les yeux débaillonnés, le visage claquant au vent, l'envie de vivre, l'envie d'avoir envie, pour de vrai.
Je voyage dans le temps par les portes mentales que j'ai installées dans ma tête, je reviens en arrière, je revois les films que j'ai tournés il y a longtemps, qui ont fait leur temps, déjà présentés, déjà archivés, déjà oubliés. Il y a moi dans la scène, et il y a tous ces gens en même tant que moi, à côté, devant, derrière, autour, hors-champ, il y a l'image première et il y a tout ce que j’ignorais qui se passait en même temps que moi, il y avait des accidents, des guerres, des souffrances, des gens qui faisaient leur maximum
il y a un monde qui a vécu et il y a moi qui petit à petit me dissous dans l’infiniment et mystérieusement grand ...