Tard en soirée, Trisha Meili, 28 ans, fait son jogging dans Central Park, New York. Quelques heures plus tard, elle est retrouvée gravement battue, violée, et laissée pour morte dans un coin du parc.
Malgré les apparences, elle survivra, mais ne se rappellera plus de rien. Fracturée du crâne, baignant dans son propre sang, elle n'était pas la seule à avoir été agressée ce 19 avril là. Au minimum, deux autres hommes ont aussi été agressés, par le même groupe de plus d'une trentaine de jeunes, majoritairement à la peau noire, tous entre 13 et 17 ans. Depuis quelque temps, il font ça régulièrement, agresser les gens la nuit dans Central Park, leur volant de choses, les intimidant, les brutalisant. Tirant des roches aux cyclistes. Humiliant de vulnérables sans abris.
Ils ne sont pas innocents. Ils sont dangereux.
Rapidement, la police associe les multiples agressions du même soir, au même groupe, les plus de 30 adolescents errants, habités d'arrogance et d'intimidation. 7 jeunes, tirés de ce groupe seront interpellés par la police.
Meili, entre la vie et la mort, ne sera pas identifiée. Elle sera "La Central Park Jogger".
Deux des 7 interpellés seront associés à d'autres crimes du même soir, mais pour le cas de la Central Park Jogger, Raymond Santana, Kevin Richardson, Antron McCray, Yusef Salaam et Kharey Wise (qui changera éventuellement son prénom pour Corey), seront identifiés comme les Central Park Five. Ils ont tous entre 14 et 16 ans.
Les 5 confessent avoir commis le crime contre Meili. Mais ce sont toutes de fausse confessions forcées. Faites seulement après avoir été isolés les uns des autres et forcés aux aveux après avoir été privés d'alimentation, de sommeil, de boisson pendant plus de 24 heures, l'un d'eux, plus résistant, pendant 42 heures. Mais leur ADN ne se trouve nulle part sur Mieli, ni autour. Et les contradictions dans les aveux sont si nombreuses qu'on devine vite qu'on leur a soufflé des réponses et qu'ils ne veulent qu'en finir avec tout ça. En réalité, isolé ou pas, seulement 2 des 5 se connaissaient entre eux.
Pendant qu'on les soupçonne, un certain millionnaire, indécrottable raciste issue d'une famille fameusement raciste, achète une page de journal suggérant qu'on ramène la peine de mort à New York. À un suspect prêt (un hispanique, qu'il apprendra à mépriser tout autant avec le temps), ce sont tous des jeunes noirs. Ça nourrit son racisme latent. Ce même trou de cul dira en entrevue, à Larry King, qu'il n'est pas en colère contre les Central Park Five, il les détestent. Il encourage le peuple à les haïr tout autant.
Meili sera dans le coma 12 jours. Elle perd toute mémoire et doit se faire faire de multiples corrections physiques, les plus visibles étant les faciales, bien entendu.
Salaam, Santana et McCray écopent de 5 à 10 ans dans un centre de détention juvénile.
Richardson, aussi.
Wise, le plus âgé alors, est le seul jugé comme un adulte, il écope de 5 à 15 ans.
Reyes
Ils auront tous été en détention entre 5 et 12 ans.
Mais en 2002, Matias Reyes, un violeur en série, en prison pour les 33 prochaines années, confesse qu'il est celui qui a commis tout ça contre Mieli. Un test de DNA vient confirmer tout ça. Il pouvait aussi donner des détails sur le crime, que seul le violeur pouvait savoir, ce qu'aucun des 4 Central Park Five, n'avait fait.
Les Central Park Five n'étaient peut-être pas des anges, mais ils n'ont jamais commis ce crime pour lequel ils ont été en prison.
On trouve le DNA de Reyes, sur les éléments de preuve d'une autre femme violée, dans un crime non résolu alors, datant du 17 avril 1989, deux jours avant ce même crime.
En 2003, Trisha Meili révèle son identité publiquement dans un livre titré "I Am The Central Park Jogger".
Les Central Park Five avaient tous complété leurs sentence quand on les innocente de tout. En 2014, ils intentent des poursuites contre la police de New York. La ville leur versera 41 millions en dommages moraux et détresse psychologique imposée.
En 2016, malgré tout ça, l'actuel raciste président des États-Unis, continuait de condamner les Central Park Five. Assurément parce qu'ils sont 4 noirs et un hispanique.
L'injustice envers les 5 garçons, devenus hommes en détention, est extrêmement grave.
Une série sur Netflix , tournée par Ava DuVernay, vous fera rager/pleurer/hurler de frustration. Encore plus si vous être hispanique, noir ou métis.
Mais les gars n'étaient absolument pas aussi propres que le portrait offert sur Netflix. Ils étaient intimidateurs, agresseurs, et potentiels prédateurs. Ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment. Ça leur a coûté très cher.
Et ils n'avaient pas la bonne couleur de peau dans le bon pays.
Ou ils avaient celle qui les colorait du côté des condamnés, no matter what.
Ça, ça a peu changé.
Cette série est injuste à plusieurs niveaux.
Le dauphin de l'injustice étant maintenant, l'homme le plus puissant des États-Unis.
Ce qui ne peut qu'être plus déplorable encore.
Que Mieli, et les Central Park Five soient un jour vengés.