Partager la publication "[Critique série] BLACK MIRROR – Saison 5"
Titre original : Black Mirror
Note:Créateur : Charlie Brooker
Réalisateurs : Owen Harris, James Hawes, Anne Sewitsky.
Distribution : Anthony Mackie, Yahya Abdul-Mateen II, Nicole Beharie, Pom Klementieff, Andrew Scott, Damson Idris, Topher Grace, Miley Cyrus, Angourie Rice, Madison Davenport…
Genre : Science-Fiction/Drame/Thriller
Diffusion en France : Netflix
Nombre d’épisodes : 3
Le Pitch :
Anthologie de 3 histoires distinctes, Black Mirror explore notre rapport aux technologies numériques et connectées.
Striking Vipers : deux amis se retrouvent dans la réalité virtuelle d’un nouveau jeu-vidéo révolutionnaire et voient soudainement leur relation changer…
Smithereens : un chauffeur de VTC kidnappe un employé d’un incontournable réseau social et exige de parler au PDG de l’entreprise…
Rachel, Jack et Ashley Too : une adolescente se passionne pour Ashley O, une chanteuse pop, et voit sa vie bouleversée quand cette dernière tombe dans le coma…
La Critique de la saison 5 de Black Mirror :
Chaque nouvelle saison de Black Mirror est un événement. Créée en 2011 par Charlie Brooker pour la chaîne britannique Channel 4 puis récupérée par Netflix, cette anthologie d’ores et déjà culte n’a de cesse de questionner les nouvelles technologies ainsi que leurs effets secondaires sur nos vies. Jusqu’ici très pertinente et audacieuse dans sa façon de justement mettre en exergue les limites des dites-technologies, Black Mirror, avec les trois nouveaux épisodes de son cinquième acte, déçoit véritablement pour la première fois. Une déception parfois relative, parfois plus franche, selon les épisodes, d’autant plus irritante qu’elle intervient après une attente de presque 1 an et demi (période entrecoupée par l’épisode spécial interactif Bandersnatch). Le fait que la saison 5 ne compte que 3 épisodes (qui dépassent tous les 60 minutes mais quand même) jouant aussi dans le fait que finalement, ce nouvel acte tient davantage du pétard mouillé que de l’événement attendu et espéré. Un constat à remettre en perspective tant le showrunner Charlie Brooker nous a habitué à mieux ces dernières années… Retour sur les 3 nouveaux épisodes de cette saison 5…
Striking Vipers
Note:La saison 5 débute plutôt bien avec cette histoire axée sur deux amis accros à un jeu révolutionnaire. Solidement incarné par de solides acteurs (dont Anthony Mackie), Striking Vipers sait aussi se montrer surprenant et relativement audacieux à mi-parcours quand son discours se fait plus limpide. Et c’est malheureusement aussi à ce moment là que l’épisode dévoile sa tendance à faire du surplace. Avec sa durée excessive, il tourne un peu en rond et se montre aussi prévisible que parfois fade. Striking Vipers peut évoquer de loin les meilleurs moments de la série mais ne va jamais jusqu’au bout, évoluant dans la mauvaise direction, jusqu’au dénouement relativement décevant, voire carrément ridicule. Heureusement, sur un plan visuel, cet épisode s’en sort plutôt bien et, encore une fois, les acteurs font le job. De quoi sauver les meubles ? Relativement oui…
Smithereens
Note:Le pire du lot. Inutilement long, mal écrit et irritant dans sa façon de donner des leçons en enfonçant des portes ouvertes (ce n’est pas bien de regarder son téléphone en conduisant, merci pour l’info), Smithereens est heureusement porté par des acteurs convaincants mais c’est bien tout ce que l’on peut en retirer. Très loin de la pertinence des meilleurs épisodes, jamais surprenante ni originale, cette histoire de prise d’otage sur fond de mise en garde ressemble davantage à un message d’utilité publique diffusé entre le JT et la météo qu’à un épisode de Black Mirror. Un message sans relief, feignant et mollement orchestré, parfaitement indigne de ce à quoi nous a habitué Brooker jusqu’alors. Un des pires épisodes toutes saisons confondues.
Rachel, Jack et Ashley Too
Note:Le fameux épisode avec Miley Cyrus. La pop star qui s’en sort avec les honneurs en campant une sorte d’ersatz d’elle-même, au sein d’un récit assez maladroitement écrit mais plutôt agréable à suivre. Là encore trop long, cet épisode conclut la saison 5 en limitant les dégâts et a au moins le mérite de s’inscrire dans la dynamique de la série. Pourtant, là encore, Brooker cède à la facilité avec cette réflexion plutôt opportuniste sur les débordements de l’industrie du divertissement et plus précisément du business lié à ces pop stars formatées par les maisons de disques. Mais c’est plutôt léger, les acteurs sont bons et la petite poupée à l’effigie de Miley Cyrus est amusante. Rien de révolutionnaire mais au moins, ici, on a vraiment l’impression de regarder Black Mirror. Une version light de Black Mirror mais Black Mirror quand même…
En Bref…
Plutôt gonflante quand elle nous fait la leçon, c’est à dire à peu près tout le temps, cette saison 5 de Black Mirror l’est aussi quand elle cède à l’opportunisme sans chercher à se mettre vraiment en danger. Une saison composée de deux épisodes corrects et d’un carrément inutile, qui se vautre parfois dans la facilité et qui à d’autres moments, nous laisse entrevoir ce que le show aurait pu être avec un peu plus d’application, un peu plus d’originalité et un peu moins d’assurance. Car on sent bien que Charlie Brooker se repose désormais trop sur sa marque. Une tendance amorcée avec la saison 4 qui se confirme ici. Black Mirror n’a jamais prétendu n’offrir qu’un simple divertissement. Dès son premier épisode, pour le coup vraiment percutant, la série s’est solidement ancrée dans son époque à laquelle elle n’a cessé de tendre un miroir juste assez déformant pour nous en souligner les failles. Dans un autre contexte, ces trois épisodes auraient pu passer avec moins d’amertume. Mais là, non. C’est clairement insuffisant. Une déception amenant une question : peut-être serait-il temps de conclure ?
@ Gilles Rolland