Sur le parvis du stade, les fans des deux camps sont déjà présents alors que le match ne débute que dans plus de deux heures. Un lieu qui, habituellement, n’est accessible qu’aux fans du club local. En Ligue 1, il paraît impossible de mélanger les supporters des deux camps sans risquer des affrontements.
Aujourd’hui, changement de décor. Anglais et Écossais se cotoient en se dirigeant vers leurs tribunes respectives. Non sans passer au préalable par les buvettes et la boutique officielle. Cette dernière fait d’ailleurs un tabac avec ses t-shirts floqués de l’affiche de la compétition : le portrait d'une femme avec une cocarde tricolore dans les cheveux et la tête dans un ballon. Si cette description semble étrange, le résultat est pourtant agréable à regarder. Fidèles à leur tradition, de nombreux Écossais ont revêtus le kilt. Les Anglais, quant à eux, portent souvent le maillot blanc de l’équipe nationale. D’autres arborent celui de leur club favori, notamment Liverpool et Newcastle. Régulièrement, des groupes de jeunes filles des deux nations se regroupent pour chanter, voire crier, des chants à la gloire de leur pays. Des scènes qui donnent une ambiance colorée, festive et bon enfant. Certains ont fait le déplacement en famille, enfants et grands-parents inclus. Des Anglo-saxons quelquefois rouges comme des pivoines, eux qui semblent souffrir d’une chaleur qui est pourtant loin d’être à son apogée sur la Côte d’Azur.
On écarquille ensuite les yeux à la vue d’un vieil Ecossais semblant sortir tout droit d’un manoir des Highland. "Je suis l’équipe nationale dans tous ses matchs. Je suis venu jusqu’à Nice. Je serai aussi à Rennes et à Paris pour les deux prochaines rencontres" raconte ce personnage pittoresque dont l’âge est très avancé pour réaliser tant de déplacements.
Côté animations, la FIFA ferait bien de prendre exemple sur l’OGC Nice. Le parvis parait vide. Seules quelques buvettes et un minuscule stand de maquillage est proposé au public. Un sponsor a fait venir une spécialiste de jongles qui défie les supporters qui le veulent bien. Une attraction qui ne suscite guère l’intérêt des passants. Dommage pour cette jeune fille qui nous apprend qu’elle s’entraîne "quatre heures par jour pour améliorer ses performances techniques". Le résultat est là. Certains joueurs professionnels pourraient même s’en inspirer… Il est désormais temps d’entrer dans l’arène. Comme prévu, les tribunes sont loin d’être pleines. Le troisième anneau n’a même pas été ouvert. On dénombre 13.188 spectateurs pour une capacité de 36.000 places. Nice figure parmi les derniers du classement en termes de billets vendus dans les différentes villes hôtesses de cette Coupe du monde féminine. Malgré tout, il règne une belle ambiance dans cette magnifique enceinte. Les chants des supporters, en particulier ceux des Écossais, se font très bien entendre.
À l’approche du coup d’envoi, le cérémonial se met en place. Une immense bâche bleue recouvre le centre du terrain et porte l’inscription de la ville d’accueil, Nice. Au cas où nous l’aurions oublié, probablement. Puis vient la séquence des hymnes nationaux. Un moment qui ne change pas trop des matchs de l’OGC Nice où est repris l’hymne nissart, "Nissa la bella". Cet après-midi, c’est d’abord "God save the queen" qui est repris en chœur. Avant de laisser la place à l’hymne Ecossais, "Flowers of Scotland". Le genre d’air qui procure des frissons à chaque fois qu’il retentit. Aujourd’hui encore, il ne déroge pas à la règle.
Après cet instant solennel, nous pouvons nous rassoir. Sur les écrans géants s’affiche un compte-à-rebours qui est repris par le public. Les joueuses sont en place. L’arbitre porte le sifflet à sa bouche et lance le premier match azuréen de Coupe du monde féminin de football 2019. À Nice aussi, la fête peut commencer ! Après un début de partie équilibré, c’est l’Angleterre, favorite, qui ouvre le score sur un coup du sort. Le ballon frôle la main d’une Écossaise dans sa surface de réparation. Après visionnage vidéo, l’arbitre accorde un pénalty. Une décision contestable dont vont profiter les Anglaises pour ouvrir le score (12ème minute). Ce but de Nikita Parris, l’attaquante de Manchester City, semble assommer leurs adversaires. Il s’en suit une longue période de domination anglaise. Les débats se durcissent et l’engagement physique est intense, dans le plus pur style britannique.
La gardienne écossaise, Lee Alexander, joueuse de Glasgow City, réalise des exploits dans sa cage. Mais elle ne fait que retarder l’échéance puisque les Anglaises doublent la marque par Ellen White. Celle-ci profite d’une erreur de relance de la défense pour battre Alexander d’une jolie frappe enroulée des dix-huit mètres (40ème minute). À la mi-temps, le match paraît déjà joué. On ne voit pas comment les joueuses écossaises pourraient remonter deux buts, notamment au vu du faible nombre d’occasions qu’elles se sont procurées jusqu’à présent. Mais à onze minutes du terme, l’attaquante Claire Emslie prend l’avantage sur son adversaire directe pour battre de près la gardienne anglaise, Karen Bardsley (79ème minute).
Le match est relancé et les Écossaises semblent revigorées par ce but. Leurs supporters se font entendre en scandant des "Scotland, Scotland" qui créent une belle ambiance dans ce stade aux deux tiers vide.
La fin du match approche mais le rythme du match est toujours aussi enlevé. Les Écossaises, pourtant très généreuses dans leurs efforts, ne parviennent pas à s’approcher du but de leur adversaire.
La rencontre se termine sur ce score de deux buts à un pour l’Angleterre. L’équipe du sélectionneur anglais Phil Neville, ancien joueur de Manchester United et d’Everton, débute parfaitement la compétition et occupe la première place de son groupe. S’il n’y a pas eu de divine surprise, ce scrutin européen a néanmoins été émaillé de quelques petits coups de théâtre. Les deux principaux sont la participation et la percée des écologistes. Les deux sont liés. Les jeunes sont allés voter et ils ont...