les armoires qui renferment l’humidité des ports
et le goût du bétel que tu laisses sur mes lèvres
quand tu disparais dans l’air.
Laisse-moi étendre tes cheveux dans l’ombre
pour que la pénombre mûrisse comme le jour.
Laisse-moi être une immense cité, une boîte de bière
ou le fruit épluché face à la graine.
Laisse-moi te rappeler l’endroit où tout petit je me suis noyé
et pourquoi la tristesse donne à mon sang cette brillance.
Ou laisse-moi étendu sur le trottoir, sous les journaux,
pendant que la nef des fous lève l’ancre
vers les îles grecques
*
Las gastadas palabras de siempre
Déjame recordarte las gastadas palabras de siempre,
los armarios que encierran la humedad de los puertos
y el sabor a betel que dejas en mis labios
cuando desapareces en el aire.
Déjame tender tu cabello a la sombra
para que la penumbra madure como el día.
Déjame ser una ciudad inmensa, un bote de cerveza
o el fruto desollado ante la espiga.
Déjame recordarte dónde me ahogué de niño
y por qué hace brillar mi sangre la tristeza.
O déjame tirado en la banqueta, cubierto de periódicos,
mientras la nave de los locos zarpa
hacia las islas griegas.
***
Francisco Hernández (né à San Andrés Tuxtla, Veracruz en 1946) – En las pupilas del que regresa (1991) – Le coeur et son nid de guêpes