L'écologie est probablement un bon exemple des conflits que provoquent la façon dont nous envisageons la conduite du changement aujourd'hui.
De mon temps, l'écologie était un problème compliqué. Elle s'attaquait, en quelque sorte, à l'Histoire, à la civilisation. Le progrès humain était fondé sur un principe nocif. La création venait de l'auto destruction de l'homme par l'homme. Ce qui expliquait la pauvreté des pauvres et la souffrance psychologique des riches. C'est la question de "l'aliénation". Il y a quelque chose quelque-part dans notre raison qui a pris le pouvoir sur nous et qui fait notre malheur. Affaire compliquée : nous sommes tous coupables. Et, pire, nous ne savons pas par quoi...
Aujourd'hui, les choses sont beaucoup plus simples. L'écologie s'est réduite au réchauffement climatique, et il suffit pour l'éliminer d'utiliser de l'énergie renouvelable. Voilà qui suscite les enthousiasmes. Mais rien ne se passe. Seule explication possible : l'arriération. Moi écologiste, je suis le bien, l'autre est le mal.
Seulement, qui est contre l'écologie ? Personne ! Nous voulons tous vivre heureux et produire une humanité durable. "L'autre" n'existe pas. Ce qui bloque le changement, ce n'est pas le rejet de notre désir. C'est la façon implicite dont nous pensons le réaliser. Il se heurte à des impossibilités physiques.
Cette logique bien / mal apparaît immédiatement dans la première conversation que l'on a avec quelqu'un qui envisage un changement. Il croit que l'on résiste au pourquoi, alors que le comment qu'il envisage est impossible.