(NOUS), par la Ktha Cie

Après le spectacle de la Ktha Cie, (Nous), j’ai animé un atelier d’écriture auquel ont participé environ dix personnes et où j’ai écrit ce texte.

Jusqu’où nous ? Après tant de questions, pas besoin de réponse. Comme l’un, l’une ou l’autre. Parmi. Sourire  surtout, sourire. Hors de chez nous, le pourrait-on ? « L’on ne sort pas des arbres par des moyens d’arbres »*.

Je vous regarde. Je vous regardais. Par ce regard, j’étais avec vous et devant vous. Et toutes mes questions, au fond, étaient nos questions. Les avions qui nous survolent sont, eux aussi, pleins de questions. Mais les oiseaux ? « Aucun oiseau n'a le coeur de chanter dans un buisson de questions. »** Les oiseaux, vers le soir, se racontent leur journée, signalent qu’ils sont de retour chez eux et chez eux c’est aussi un peu chez moi, et chez moi c’est chez nous. Il n’est pas nécessaire que je sache tout de vous pour vous reconnaître, votre nom, votre prénom. Je peux encore vous les demander. Mais nous habitons ici ou nous y partageons simplement des moments. Chez nous.

Les abeilles de la terrasse butinent certainement dans les platebandes alentour. Sans que je les voie. Elles y sont chez elles. Chez moi.
Chez moi, est-ce que ça commence quand j’ai fermé ma porte ? Des sons m’y rejoignent ou m’y suivent. Sans doute même étaient-ils là avant.

Avant… Tout a changé depuis mon enfance. L’enfant que j’étais, qui organisait des courses d’escargots, chantait des comptines aux coccinelles pour savoir s’il ferait beau le lendemain, ne reconnaîtrait sans doute pas chez lui chez moi. Comme moi, il parlerait aux araignées et tout le reste sans doute lui semblerait étranger. 

Demain, quand je n’y serai plus, d’autres viendront. Nous n’aurons fait que passer, transmettre. N’aurons-nous transmis que des questions ?

*(Francis Ponge, « Le cycle des saisons », Le parti-pris des choses)
** (René Char, À une Sérénité crispée) 

J’ai vu le spectacle au !POC! d’Alfortville (94)