C'est dans le domaine du financement des petites entreprises que, selon un article du Financial Times, la collaboration se matérialiserait, à travers le déploiement, dans le courant de l'année, d'une solution de crédit en ligne destinée aux quelques 200 000 vendeurs professionnels présents sur la place de marché au Royaume-Uni. L'enjeu pour eBay est évidemment de maintenir son attractivité vis-à-vis de cette population, alors que d'autres plates-formes – Amazon en tête – offrent ce type de service depuis longtemps.
Du point de vue de Santander, qui confie la mise en œuvre du partenariat à sa néo-banque interne Asto, l'opération revêt probablement une dimension tout aussi critique. En effet, les acteurs alternatifs se multiplient partout dans le monde (outre Amazon, pensons à Square, avec qui eBay est associé aux États-Unis…), introduisant une large variété d'options pour les entrepreneurs en mal de trésorerie. Il ne fait guère de doute qu'elles finissent par grignoter les parts de marché des établissements historiques.
En pratique, l'approche retenue est conforme aux standards du moment : l'utilisateur qui sollicite un prêt sur la place de marché, depuis son smartphone, n'a à fournir qu'un minimum d'informations, obtient une réponse instantanément et, le cas échéant, reçoit les fonds en quelques minutes. Ce qui la distingue un peu est le fait que, afin de permettre à Asto de remplir son office et, notamment, qualifier l'éligibilité du demandeur, eBay lui ouvre les précieuses données d'activité (ventes, flux financiers…) qu'elle détient.
Comme dans les autres exemples similaires, il semblerait cependant que le potentiel offert par l'analyse de ces trésors de données ne soit pas totalement libéré. Car, en perspective, il serait facile d'imaginer (et probablement faisable) que les besoins de financement soient anticipés par les algorithmes, ce qui permettrait alors d'apporter aux PME le conseil pro-actif qu'elles méritent et que nul ne leur délivre à ce jour.
L'enseignement à tirer de cette initiative est l'importance croissante pour les banques d'intégrer leurs métiers au sein d'écosystèmes étendus, parce que leurs produits sont et seront de plus en plus proposés à leurs clients dans des « moments de vie » qui, de fait, appartiennent à d'autres parties prenantes (que ce soit le site d'eBay, dans le cas présent, une agence immobilière, dans un contexte différent, …). À terme, seuls les fournisseurs qui sauront s'adapter à ce nouveau modèle continueront à prospérer.