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Le réemploi, quatrième pilier de l’économie circulaire

Publié le 03 juin 2019 par Franckbaty @Bouygues_C
recyclage construction réemploi

Réduire, réemployer, réutiliser, recycler. Soit la règle des 4 R de l’économie circulaire. Processus vertueux, levier pour répondre aux objectifs environnementaux fixés par la loi de transition énergétique… Cette démarche présente le triple avantage de soutenir l’économie locale, de réduire la consommation des ressources naturelles (dont l’énergie) et les émissions nettes de déchets. Elle est en passe de transformer en profondeur les pratiques du secteur du bâtiment et de la construction.

De nombreuses actions sont en cours et certaines d’entre elles ont dépassé le stade expérimental. En revanche, si l’on s’intéresse au réemploi des matériaux issus de rénovations ou déconstructions, Thierry Juif, directeur environnement et écoconception Bouygues Construction, constate que « le concept d’économie circulaire l’a remis en lumière. Il y a aujourd’hui une prise de conscience. Nous ne sommes plus dans une logique linéaire : extraire, consommer et jeter, mais le réemploi n’en est encore qu’au stade expérimental ».

Réduire l’impact carbone

Néanmoins, quelques exemples montrent que le secteur avance rapidement. « Nous n’en sommes plus au stade du labo », plaisante Thierry Juif. Pour preuve, Gecina, société foncière qui gère en région parisienne un patrimoine immobilier de 19,3 milliards d’euros à fin 2018 : « Forts d’une expérience positive à grande échelle lors de la rénovation de l’ancien siège de PSA, situé 75 avenue Grande Armée à Paris (16), nous avons décidé d’appliquer une démarche d’économie circulaire à l’ensemble de nos projets », se félicite Sabine Desnault, directrice exécutive R&D, innovation et RSE de Gecina. Particularité : le réemploi a été l’une des pierres angulaires de cette réhabilitation.

Pour ce faire, le groupe s’est appuyé sur la plate-forme Cycle up, qui en a fait sa spécialité. Elle a guidé le maître d’ouvrage sur l’ensemble du processus : audit réemploi, accompagnement au passage des marchés de curage, faisabilité technique, jusqu’à la recherche de preneurs. Des dalles de plafond, des panneaux acoustiques, un tableau numérique et même quatre dévideurs de papier toilette ont ainsi trouvé une nouvelle vie dans les locaux d’une entreprise d’insertion (Ares).

Plus fort encore, des ponts de lumière et des spots lumineux pour la scène ont été récupérés par l’association solidarité Sida pour le festival Solidays. Selon Sabine Desnault, cette opération démontre la faisabilité de la démarche, mais aussi son intérêt en termes de réduction de l’impact carbone des opérations. « Systématiquement nous réalisons une analyse du cycle de vie, un bilan carbone et on essaie de l’améliorer encore en travaillant le réemploi. »

réemploi des matériaux

Le quartier de la Maillerie à Lille

Autre opération significative, mais cette fois-ci à l’échelle d’un quartier : celle de la Maillerie, dans la métropole lilloise.

Cet ancien site logistique des Trois Suisses va être reconverti en un quartier multiusage. Là aussi, on expérimente le réemploi. « Ce type de projet – un nouveau quartier sur une friche industrielle – est idéal pour éviter de sortir des déchets et optimiser le réemploi », explique Thierry Juif. Ainsi les bétons de déconstruction sont réemployés en granulats recyclés pour fabriquer du béton. Un classique. Moins commun en revanche pour Thierry Juif, la nouvelle vie des parquets en chêne massif. « Ils ont été en partie revendus à un fabricant. Celui-ci va les découper dans l’épaisseur pour réaliser la couche de finition de parquets contrecollés. Avec une lame il va en faire cinq ! »

Lever les freins

Mais – car il y a un mais – le concept de seconde main ne va pas de soi. « Il n’y a que le client qui peut s’engager dans cette démarche. Nous, ce que nous pouvons faire, c’est l’y inciter. Lui proposer des matériaux d’occasion, créer un marché via des plates-formes qui sont en train d’émerger », détaille Thierry Juif. Sachant que se posent d’autres questions : celles liés à la qualité, à la garantie… Mais aussi à l’assurabilité des ouvrages, notamment dans le cas de réemploi de matériaux de structure.

Tout un pan de la réglementation est donc à mettre en phase avec la notion de réemploi. Malgré tout pour Sabine Desnault, la voie est tracée. « Bien sûr, les freins sont multiples. L’absence de filières, de mise en relation des acteurs pour revaloriser, l’aspect économique – quel impact sur le coût du chantier ? A nous de voir comment lever ces freins. Mais malgré tout, nous y allons tout de suite et le plus fort possible. »


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