Les hommes en forme :
Trois garçons ont, à mon sens, marqué cette première semaine du Tour 2008. Le premier d’entre eux est le vainqueur du contre-la-montre individuel de Cholet, Stefan Schumacher. Alors que l’on attendait Fabien Cancellara, c’est l’Allemand qui a coiffé tout le monde au passage. L’étape de 29 km en début d’épreuve ouvrait finalement la décision, Kim Kirchen, David Millar et Cadel Evans trouvaient également le moyen de s’intercaler entre le coureur de la Gerolsteiner (de l’eau minérale allemande pour ceux qui se demandent) et le champion du monde Suisse de la spécialité.
Le deuxième est Mark Cavendish du Team Columbia (team du maillot jaune durant 4 étapes Kim Kirchen). Le jeune sprinteur natif de l’île de Man outre-manche n’a que 23 ans et déjà deux étapes du Tour à son palmarès (en plus de la gagne au GP de l’Escaut-Schoten). Avec son jeune âge et la façon dont il semble dominer le sprint cette année sur la Grande Boucle, on va prendre les paris et dire :
1-S’il passe les montagnes, il aura le maillot vert sur les Champs-Élysées.
2-C’est certainement le nouveau Mario Cippolini.
Les Français ont fait plutôt une bonne première semaine. Même si le premier d’entre eux est 26è au général (Sandy Casar), on notera que l’hystérie collective de la victoire d’étape française n’aura pas lieu avec la victoire de Samuel Dumoulin à Nantes. Cadeau bonus avec le maillot jaune de Romain Feillu et le maillot du meilleur grimpeur tenu par Thomas Voeckler et Sylvain Chavanel. Au sommet d’Hautacam, la plupart des Français sont solidement installés dans le fond du classement, mais le dernier est Belge ! On notera les échappés français durant la première semaine et même ce qui aurait pu être une victoire d’étape pour Rémi Di Gregorio à Hautacam si Valverde n’avait pas eu sa défaillance.
Et ça se bouscule au portillon ! Mais comment ne pas parler d’Alejandro Valverde ! Certes, il gagne les premières étapes en montrant ses muscles sur le faux plat montant de Plumelec. Mais sa chute durant l’étape entre Cholet et Châteauroux lui impose de courir avec une brassière. Lundi, le coureur de la Caisse d’Épargne n’a pas tenu le rythme dans le Tourmalet et la CSC ne lui a pas permis de revenir avant l’ascension sur Hautacam. Au sommet, il a concédé presque 6 minutes au vainqueur du jour et 4 minutes 41 secondes au maillot jaune de cette première semaine Cadel Evans. L’Australien ayant l’avantage sur l’Espagnol au contre-la-montre, on est en droit de dire que le Tour est d’ores et déjà perdu pour Valverde.
Oscar Pereiro Sio ne va pas fort lui non plus. Mais mieux que son leader tout de même. Après tout, c’est lui qui l’a sorti du vide en Pau et Hautacam. Le vainqueur par défaut du Tour 2006 (après l’affaire Landis) aurait pu faire semblant de mériter son titre, mais sans doute avait-t-il pour consignes d’attendre Valverde. Aura-t-il carte blanche pour les Alpes avec son leader si décroché ?
Damieno Cunego a eu le talent incroyable de quasiment prendre un peu de temps à chaque étape. Chute dans la 7è étape (Brioude – Aurillac), le 11 juillet, pris dans une bordure deux jours plus tôt et décroché dans la montagne. L’Italien de la Lampre est à 5 minutes 37 secondes de Cadel Evans et c’est quelque part un miracle qu’il ne soit pas à un quart d’heure tant il n’a pas été à l’aise dans les Pyrénées. Ce n’est pas pour cette année que l’on verra le vainqueur du Giro 2004 briller sur la Grande Boucle. Mais au moins, à force de perdre du temps, on le verra peut-être tenter un coup pour le fun.
Et puis sans tirer sur l’ambulance, on placera une banderille sur Manuel Beltran qui s’est fait attrapé avec des traces d’EPO dans ses urines. À 37 ans, le coureur de la Liquigas va certainement mettre un terme à sa carrière (si l’échantillon B confirme le A) et témoigne d’un système d’un autre temps. Ce qui est salutaire, c’est qu’il se soit fait prendre, mais combien y en a-t-il dans la même situation parmi les 169 coureurs restants ?
Le Tour de France, véritable amour du pays.