Bolewa Sabourin : La rage de vivre

Par Gangoueus @lareus
Co-écrit avec Balla Fofana

J’ai souvent chroniqué des oeuvres littéraires produites par des jeunes issus de ce qu’on appelle en France les minorités visibles. En gros, ces jeunes qui par leurs peaux, sont stigmatisés, renvoyés à une origine proche ou lointaine souvent en lien avec l’Afrique. En effet, quand tu t’appelles Marquez, Concini ou Ivanovic, le réflexe n’est pas le même tant que tu n’ouvres pas ta bouche. Bolewa Sabourin est un métis né en France d’un père congolais et d’une mère sang mêlé (afro-américaine, française). Et son parcours vaut bien une adaptation cinématographique…
Il y a un terme pour décrire le contexte dans lequel Bolewa Sabourin a grandi : une structure familiale dysfonctionnelle. Sous la plume, de Bolewa Sabourin, ce père est un irresponsable qu’il appelle par son prénom : Nganda. Dès son plus jeune âge, il est arraché à sa mère, disons-le kidnappé pour être envoyée vers Kinshasa, dans la commune de Matété. Petit fils d’un ancien diplomate déchu du mobutisme, cet enfant différent par son teint tente déjà à se frayer un chemin.
Le quartier t’éduque, tout le monde a un oeil sur toi, conscient qu’il faut tout un village pour élever un enfant.
Là, dans une petite baraque comportant une pièce principale et une chambre séparées par un rideau, nous vivons les uns sur les autres.
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Ma vie de gamin de bidonville reste la plus belle période de ma vie. Je suis constamment dans la rue, j’erre, je foule le sol en terre battue, couleur Roland Garros. Le terrain foot est mon fief, j’y affronte des gens plus fort, j’y affronte des gens plus grands et plus forts. Je m’impose, gagne le respect sans le quémander. 
Son père le ramène en France : « Bolewa, prends tes affaires on part! ». Il doit avoir sept ou huit ans. L’enfant puis l’adolescent n’aura de cesse de trouver sa place dans ces différents lieux. Parfois à la force des poings. Si la relation avec son père est faite de nombreux malentendus, les tentatives de renouer un lien avec sa mère désormais sont complexes. Trash. Destroy. Instabilités. Alors qu’il sort du circuit scolaire, la danse qui est le secteur dans la clique de son père évolue va constituer de sauvetage.
Ce récit de Bolewa Sabourin est un discours sur la résilience. Autant quand je lis l'autobiographie d'Henri Lopes, on a le sentiment que malgré  sa solitude et l’absence du père biologique, l’homme de lettres est porté par sa destinée, autant Bolewa Sabourin nous renvoie ce qui pourrait s’apparenter à un acharnement sur son histoire. Mais, entendons nous bien, jamais le jeune artiste congolais ne pleure sur son sort. Avec le peu qu’il a, son talent pour la danse et sa rage de vivre, Bolewa Sabourin va faire des rencontres qui vont le conduire dans les structures des jeunesses socialistes et des grandes associations ayant pignon sur rue en France. Et entre autres être un pilier de la campagne de Hollande dont il espère qu’il concrétisera, une fois élu, certaines promesses de campagne touchant aux jeunes issus des quartiers défavorisés de France faisant l’objet de délits de faciès. Il pose des analyses intéressantes sur son expérience sur l’animation des communautés issues des zones sensibles. Sans domicile fixe, il s’accroche, connecte, repart à l’école… Ses idées sont récupérées par des politiciens sans vergogne. Son projet  associatif Cités en mouvement ne prend pas la direction qu'il souhaite.On sort de cette lecture enrichi par la puissance de ce témoignage. Une histoire étonnante pour laquelle Bolewa Sabourin a pu redresser la tête. On ne peut que lui dire merde pour la suite. J’ai bien aimé le ton choisi. Entre une écriture soutenue et une agressivité inhérente au personnage confronté à tant de challenges et adversités. J'aimerais vous demander d'aller sur YouTube pour découvrir l'étendue de son travail au travers de ses différentes associées autour de la danse. Loba. ReCréation. L'une des plus médiatiques, et pour moi symbolique, est le travail d'accompagnement des femmes à l'hôpital de Panzi du Dr Mukwege, prix Nobel de la Paix 2018. Il ne s'étend pas sur le sujet dans son livre.  Boléwa Sabourin, La rage de vivreEditions Faces cachées, première parution en 2018