Tout pourrait reposer sur une idée très simple. Cette idée renverse les principes mêmes de notre pensée ("notre" à un sens qui dépasse "occident"). Pour lui, la transcendance et l'infini sont ici et maintenant. Ils se trouvent dans le mouvement vers l'autre, inatteignable (infini), puisqu'il est impossible de définir exactement quelqu'un, de le connaître. Il n'y a ni temps, ni espace.
En comparaison, les pensées traditionnelles sont extrêmement compliquées, tirées par les cheveux.
Dans la plupart des pensées ou religions, la vie est un voyage en solitaire. L'homme se trouve (transcendance) en allant vers Dieu, ou vers le principe de l'univers, qui sont soit "au dessus", soit dans l'au delà. C'est le cheminement conscient d'un "virtuose" (un saint, un mystique...). Quant à la société, c'est généralement un contrat entre personnes raisonnables. Ici, la transcendance consiste dans l'élan pour aider l'autre. Nous naissons avec cette responsabilité. Elle est antérieure à la raison. Dieu, c'est l'autre, chaque homme dans toute sa singularité, et il nous a élus, nous les humbles, les ordinaires et les sans grade.
Tout le livre ne paraît qu'application de cette idée à différents problèmes (de la pensée de Plotin, aux droits de l'homme), voire poésie.
Exercice gratuit ? Plaisir intellectuel ? Je soupçonne que la philosophie n'est pas coupée de la pensée commune. Elle ne fait que l'exprimer avec ses mots. Et que ce que dit Emmanuel Levinas de la nôtre est qu'elle est celle d'individualistes irresponsables, et grossiers (de ploucs ?). Mais qu'en sais-je ?