Tian An Men 1989 nos vies brisées - la chronique d'espoir

Publié le 31 mai 2019 par 7bd @7BD


Titre: Tian An Men 1989 nos années brisées Auteur : Lun Zhang, Adrien Gombeaud (scénario), Ameziane (dessin) Éditeur : Delcourt Collection : Seuil Delcourt Année : 2019 Page : 112

Résumé :

Lu Zhang a vécu les revendications de la place Tian An Men à Pékin en 1989 qui ont fini en carnage. Aujourd'hui, sur une scène de théâtre, il revient sur ces jours incroyables où l'espoir a côtoyé la mort. Mais pour bien comprendre les enjeux des événements, il démarre son récit dans les années soixante.

Mon avis :


Le scénario :

Lu Zhang a travaillé avec Adrien Gombeaud pour construire ce récit, témoignage d'un drame historique. En parcourant ces quasi deux mois de manifestations, on comprend pleinement tout ce qui s'est joué dans cette lutte pacifiste (en tout cas, du côté des étudiants parce que du côté gouvernemental, c'était pas vraiment le cas). Car il faut rappeler deux points importants sur lesquels le récit insiste à juste titre. D'abord, les revendications consistaient en une ouverture vers la démocratie, et non en un renversement du gouvernement. Et ensuite, tout le combat des étudiants de Tian An Men était pacifistes. Tout a été fait pour éviter la violence qui aurait forcément appelé une réponse encore plus violente. 
Souvent, on se rappelle de l'image de cet homme qui se dresse devant une colonne de chars qui cessent leur avancée. La BD replace cette image dans son contexte historique. A ce moment-là, la veille, l'armée Chinoise avait déjà fondu sur les étudiants, tirant dans le tas, et écrasant au char les plus récalcitrants, sans prévenir. Au travers de ce récit, c'est tout un espoir qui renaît, l'espoir de réouvrir une page d'histoire que le gouvernement actuel cherche à oublier, et même à effacer. L'espoir de faire redécouvrir le combat non-violent mené par ces garçons et ces filles, par ces jeunes âgés d'une vingtaine d'années, qui voulaient juste, au départ, rendre hommage à un membre pro-ouverture décédé du gouvernement. L'occasion aussi de rappeler le vent de liberté et d'ouverture qui a soufflé sur la Chine dans les mois qui ont précédé le massacre de Tian An Men et sans qui rien n'aurait été possible. Et bien sûr, le moyen de nous rappeler le courage de tous ces jeunes, vivants à Pekin ou venus d'autres villes, d'autres campagnes, voire de Hong Kong même, pour défendre une idée, une idée folle dont on oublie que parfois elle peut coûter cher en sang et en horreur : la démocratie. Lu Zhang fait partie des témoins chanceux qui ont réussi à s'en sortir. Ils n'ont pas tous pu y arriver. Certains ont fait de la prison, d'autres sont morts. Cette BD, c'est un moyen fort, émouvant, simple, de leur rendre hommage et de ne pas oublier le sang de la place Tian An Men. 

Le dessin :

Ameziane sort ses pinceaux pour mettre en image le témoignage de Lu Zhang. Le récit démarre avec les biographies de plusieurs personnages importants de la période, et après, Lu Zhang nous raconte les faits. Les couleurs sont plutôt sombres. Seul le rouge dénote dans la gamme chromatique choisie. Et l'on finit par comprendre rapidement pourquoi. Mais ces tons ocres, tirant parfois vers le sépia, nous ancrent bien dans une histoire passée. Le dessin réaliste fonctionne. Et bien que réaliste, il porte une stylisation forte par l'emploi d'un noir contrasté. Le cadrage laisse de l'espace pour de grandes cases et permet au dessin de s'épanouir. Le récit en cinq actes se termine sur des photos de documents de l'époque, une chronologie du vingtième siècle en Chine et la postface aussi touchante que le récit de Lu Zhang.

Conclusion :

Les BD politiques, de documentaires, de reportages, se sont développées ces dernières années. Mais des récits simples et poignants comme "Tian An Men 1989 Nos vies brisées" est indispensable pour toute personne qui tient à ne pas oublier les sacrifices de trop nombreuses vies lors des événements tragiques de notre histoire.
Zéda à Tian An Men.

David
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