[Critique] Rocketman

Par Wolvy128 @Wolvy128

Rocketman nous raconte la vie hors du commun d’Elton John, depuis ses premiers succès jusqu’à sa consécration internationale. Le film retrace la métamorphose de Reginald Dwight, un jeune pianiste prodige timide, en une superstar mondiale. Son histoire inspirante – sur fond des plus belles chansons de la star – nous fait vivre l’incroyable succès d’un enfant d’une petite ville de province devenu icône de la pop culture mondiale.

Quelques mois après Freddie Mercury, c’est au tour d’une autre star mondiale de la chanson, Elton John, d’avoir droit à son biopic. Réalisé par Dexter Fletcher, celui-là même qui avait terminé la réalisation de Bohemian Rhapsody après le départ précipité de Bryan Singer, Rocketman s’inscrit dans une veine assez semblable au long-métrage consacré au chanteur de Queen. A savoir celle d’une œuvre ambitionnant de brosser un portrait relativement dense de l’icône à laquelle elle s’intéresse, s’attardant par conséquent tout autant sur l’artiste que sur l’homme. Là où Bohemian Rhapsody échouait totalement à offrir de la consistance à son héros, la faute – entre autres – à un récit extrêmement édulcoré versant régulièrement dans le pur produit marketing, Rocketman réussit, quant à lui, à proposer un vrai biopic, n’esquivant absolument aucun des travers de la star. De son homosexualité à ses nombreuses addictions (drogue, alcool…), en passant par son immense solitude ou son enfance difficile, le film aborde en effet frontalement la plupart des sujets, dévoilant de manière assez poignante la face cachée d’un homme qui n’aura finalement jamais vraiment été aimé correctement. Alors certes, la vie du chanteur se révèle assez similaire à celles de nombreux artistes de l’époque, débouchant dès lors sur un récit classique aux détours prévisibles, mais l’ensemble n’en demeure pas moins captivant.

Il faut dire que le rythme du film est particulièrement effréné, les numéros musicaux étant non seulement très nombreux, mais aussi excessivement longs. Présentés la plupart du temps sous forme de comédie musicale, ils ne se limitent pas à un simple artifice formel destiné à réveiller facticement l’intérêt, mais constituent au contraire un véritable outil de narration. Chacun des morceaux chantés illustrent effectivement de belle façon la vie du chanteur. Une vie sans grandes surprises, certes, mais qui trouve un intérêt majeur dans le traitement visuel singulier du réalisateur. Sans forcément toucher juste à chaque fois, le cinéaste propose en effet une mise en scène flamboyante, fourmillant d’idées toutes plus extravagantes les unes que les autres. Une manière plutôt habile de répondre métaphoriquement à certaines émotions rencontrées par l’artiste au cours de sa vie. Des émotions parfaitement retranscrites par Taron Egerton. Fabuleux dans la peau de la star anglaise, le jeune acteur dépasse la caricature pour délivrer une performance absolument exceptionnelle, tant sur le plan dramatique (il est vraiment bouleversant) que musical (il chante tous les morceaux). A ses côtés, le reste du casting ne démérite pas, notamment Jamie Bell, mais peine toutefois à exister. On regrettera d’ailleurs l’écriture parfois sommaire de certains personnages secondaires.

Porté par un Taron Egerton stratosphérique en Elton John, Rocketman s’impose donc comme un biopic aussi électrisant que poignant, compensant son récit classique par une réalisation flamboyante. N’esquivant aucun des travers de la star, le film peut notamment compter sur une musique participant intelligemment à la narration pour brosser un portrait haut en couleur du chanteur, mais aussi de l’homme.