Il s'agit d'abord d'un vrai sencha non ombré, c'est qui n'est pas souvent le cas avec les "sencha de Uji" la plupart du temps fortement ombrés (je rappelle qu'à Kyôto, on ne parlera de "kabuse-cha" qu'à partir de 14 jours d'ombrage !). Et bien sûr il s'agit du cépage Yamakai. Mes lecteurs et utilisateurs de Thés du Japon savent combien je chérie ce cultivar aux arômes si particuliers.
Il fait partie de la série Shizu-7000, cultivars sélectionnés à Shizuoka dans les années 60 à partir de graines de Yabukita, Shizu-7132 étant très connu, mais on trouve aussi Shizu-7111 (Kurasawa) et donc Shizu-7166 qui fut enregistré sous le nom de Yamakai. Assez riche en umami il s'était répandu surtout pour des thés ombrés, mais son parfum trop particulier lui donna une mauvaise réputation auprès des grossistes, mais aussi de certains amateurs. En clair ce fut un mal-aimé, qui devient ainsi de plus en plus rare aujourd'hui.
Cela me semble vraiment dommageable lorsque je constate au contraire que les amateurs aujourd'hui semblent très friands de ses arômes, et que cette combinaison d'arômes très reconnaissables et de douceur font de Yamakai un cépage sur mesure pour les nouvelles tendances du thé au Japon, privilégiant (tant bien que mal) la personnalité et la diversité.
J'avais en tête depuis un moment de pouvoir trouver de bons (c'est à dire dont les caractéristiques sont bien présentes) Yamakai non ombrés en dehors de Shizuoka. C'est chose faite ! en provenance de Wazuka, et même de Harayama plus précisément (comme l'excellent Yabukita que je propose depuis plusieurs année). Il s'agit là encore d'une petite production, exclusivement sur Thés du Japon.
Tout l'intérêt est d'avoir, bien sûr un Yamakai, mais aussi un Yamakai qui donne un thé dans le style de Uji. Et je crois que c'est réussi !
Ce thé, comme d'autres, me fait m’interroger, m'inquiéter même, sur le sort de ces cultivars maintenant anciens, mais très aromatiques comme Yamakai bien sûr, mais aussi Sayama-Kaori, Shizu-7132, Kanaya-midori, etc. En clair, j'ai avec ces cultivars un certain nombre de thés excellents avec des caractéristiques claires, mais beaucoup de ces plantations commencent à vieillir, et je crains qu'il y ait de moins en moins de chance de voir des producteurs replanter ces cultivars ancienne génération. Et dans le même temps, je vois, pour l'instant, assez peu de nouveaux cépages (trop obnubilés par la couleur et l'umami) si intéressants du point de vu aromatique. Si avenir il y a pour le thé japonais, celui-ci reste très difficile à prévoir. Réjouissons-nous et profitons pour l'instant de tous les excellents thés que nous avons, et ne restons tout de même pas tourné vers le passé en gardant espoir pour le futur, rappelons-le, le thé japonais n'a probablement jamais été aussi bon qu'il ne l'est aujourd'hui !