à Lynn
Où vont les fantômes des femmes ?
ils ne pourrissent pas dans l’air
ils ne pourrissent pas dans la terre
nous savons qu’ils sont faits d’air
de pensées
de rancunes parfois
de larmes toujours
suivent-ils le corps des absentes ?
forment-ils le sang du cortège ?
ce jour-là
si tu meurs avant moi
à ton corps
j’attacherai ce fantôme décloué de ta chair
puis le traînerai hors de ce lieu
où pourrissent les corps
des femmes
je l’attacherai avec ces branches
que me tendront au passage les oiseaux du jour
et les créatures de l’air
puis j’assemblerai ton corps de gloire
et l’étreindrai
jusqu’à ce qu’il en naisse un baiser
pour éloigner l’oubli éternel
et la nuit
je te traînerai à dos d’homme
hors de ce lieu
où pourrissent les corps des femmes
puis j’assemblerai ton corps de gloire
et l’étreindrai
jusqu’à ce qu’il en naisse un baiser
je ne t’abandonnerai pas
au pourrissement des corps
et à la nuit
je le jure
***