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Se trouver beau… laid… beau…

Par Noraanselme9

MA LONGUE HISTOIRE D’AMOUR ET DE DÉSAMOUR AVEC MON CORPS

« Il suffit de voir pour que la beauté existe. »   Jean Basile, Les Voyages d’Irkoutsk

Chacun de nous souhaite trouver dans le miroir, une image qui nous plaise, qui contente nos goûts, surtout ceux qui convergent avec les canons esthétiques de notre temps ; que cette image nous rassure sur notre pouvoir de séduction et notre besoin d’appartenance, car finalement nous recherchons l’unanimité, la conformité dans notre apparence, première porte d’entrée sur le monde qui nous entoure et dans lequel nous souhaitons nous intégrer.

Ceci dans un premier temps car une fois « la carte d’adhésion » obtenue, une fois notre appartenance entérinée, alors nous nous autorisons, pour certains d’entre nous, à nous aventurer vers les marges de ces canons esthétiques, à nous autoriser un peu plus de liberté dans notre manière d’apparaître aux autres : par la coiffure, les vêtements, les accessoires… mais aussi par rapport à notre corps, en acceptant et en respectant davantage notre gabarit (plus ou moins maigre, rond, petit ou grand, comparé aux mensurations édictées par nos canons de beauté) ou notre type de peau, cheveux, visage…

La difficulté d’acceptation est plus grande pour ceux qui présentent des particularités physiques qui les placent d’emblée dans la marge des canons esthétiques, ceux qui n’ont jamais pu se noyer dans la masse et combler leur besoin d’appartenance à un groupe, ce besoin si criant durant la période d’adolescence. Ceux-là vont faire face à des obstacles dans le cours de leur développement personnel.

En réponse à la culpabilité, à la mésestime de soi ressentie par rapport à un physique qui ne rentre pas dans le moule commun, soit ils réagiront par une surcompensation au niveau de la personnalité : originalité de l’apprêt, exubérance, sens de l’humour, esprit vif, intelligence aiguë, créativité artistique et intellectuelle, altruisme… ; soit ils manifesteront beaucoup d’inhibitions, physiques et psychiques : camouflage du corps, grande timidité, effacement, isolement affectif et/ou social ; soit ils emprunteront les deux voies, manifestant inhibitions et surcompensation intellectuelle par exemple.

La question peut se poser alors qu’il n’existe aucune particularité physique, la personne grossit un détail (visible ou invisible pour les autres) de son corps au point qu’elle perd de vue la représentation globale de celui-ci : par exemple, le nez, jugé mal proportionné, occulte le reste du corps ; dans cette focalisation, le corps est un nez qui présente un défaut à camoufler ou à réparer. D’ailleurs il est une réalité physiologique commune à tous : nous ne percevons notre corps dans sa globalité que par des reflets, des objets médiateurs : miroirs, images ou regards d’autrui, on parle d’image spéculaire du corps (concept développé par J. Lacan). Il est donc vrai que nous nous représentons, nous imaginons un tout à partir d’éléments éprouvés séparément, comme le nez, les bras, les seins…, cette image globale est formée (déformée) par notre inconscient donc le décalage avec la silhouette perçue par autrui peut être important.

L’image inconsciente du corps (concept développé par F. Dolto) se construit en dépendance du regard porté par la mère sur son bébé, tout comme par le toucher, le porter et la façon dont il est accueilli psychiquement par elle (cf. D Winnicott). Ces conditions apportent sécurisation affective et début d’identité propre, d’individuation (entre 6 et 18 mois). L’enfant se sentira beau si le miroir maternel lui dit qu’il est beau. En revanche s’il ressent le regard porté sur lui comme vecteur d’angoisse, d’émotions négatives conscientes ou non, le sentiment de son identité, de sa valeur, en sera plus ou moins altérée, cela peut porter atteinte à l’image de soi et entraîner une fragilité narcissique.

Les expériences vécues durant les périodes de l’enfance et de l’adolescence sont matières à réparer ou à accentuer la fragilité narcissique, la confiance en soi, la qualité du sentiment de notre apparence à l’âge adulte. Rien n’est figé, surtout pas le sentiment de notre apparence, il évolue en fonction des périodes de vie, du curseur placé sur l’échelle narcissique, et nous fait nous sentir beau, puis laid, peut-être beau, enfin beau.

Un thème natal n’émet aucun jugement de cette sorte sur le natif, il n’est ni beau ni laid, il est.

Le thème natal présente des potentiels qui seront développés ou freinés, il donne un éclairage sur nos qualités affichées ou en sommeil, véhiculées par notre corps en partie. L’astrologie traditionnelle situe le corps, l’apparence physique, à l’Ascendant, c’est le fondement de l’incarnation : là où se mélangent les énergies du Soleil et de la Lune pour un processus d’individuation accompli, sans freins. Toutefois un processus sans freins est rare, pour la plupart d’entre nous il comprend une succession de crises et conflits à l’issue desquels nous intégrons ou non des éléments de cette combinaison. C’est en développant les valeurs du signe de l’Ascendant que nous renforçons progressivement notre Soleil et notre Lune et découvrons comment ils peuvent opérer ensemble (cf. Liz Greene).

Néanmoins ce n’est pas si simple car il existe d’autres indicateurs du corps : la maison VI ; La Lune, Vénus pour le corps féminin ; Soleil et Mars pour le corps masculin ; ainsi que Pluton et le signe de la Vierge.  Mieux vaut plonger dans l’océan d’une psyché à partir d’un exemple concret , voici un thème natal :

SE TROUVER BEAU… LAID… BEAU…

L’Ascendant est Sagittaire, conjoint au Soleil dans le même signe : Le Sagittaire (élément feu de nature masculine) domine largement l’ensemble du thème, il faudra tenir compte aussi de la planète maîtresse du signe, Jupiter, ici placé en Gémeaux, en maison VII. Cela donne une indication très claire sur la manière d’apparaître du sujet : impétueux et cérébral à la fois.

Il lui faudra concilier son besoin d’espace illimité, d’un champ des possibles sans bornes, avec son besoin de rationaliser, de baliser son champ d’exploration ainsi que son besoin relationnel (les Gémeaux sont le second signe relationnel après la Balance dans le zodiaque) qui l’attache, à l’image d’un ballon qui s’élance vers le ciel mais retenu par un fil serré dans la main d’un enfant. Ceci est accentué par la position de Jupiter en maison VII, secteur des relations, des associations et partenariats liés par un contrat. Si la configuration est mal intégrée, le sujet risque de se sentir à l’étroit dans son monde. Sur le plan de la santé, cela peut se manifester par une tendance congestive des voies respiratoires, par des affections pulmonaires, et le foie (organe associé à Jupiter) est à surveiller ; sur le plan de la personnalité, cela peut installer des verrous dans l’expression de soi, la question est à approfondir avec le sujet.

Le sujet du thème est une femme, nous examinons les configurations de la Lune et Vénus.

La Lune renseigne sur la manière dont on se relie à son corps, elle met en relief le contact avec ses instincts naturels, là où on recherche un sommeil symbolique, une sphère dominée par ses besoins vitaux, plutôt que par sa volonté consciente et agissante. La Lune manifeste l’abandon à ses schèmes instinctuels de réaction, elle symbolise notre organe de réception à notre environnement, c’est par son intermédiaire que nous réagissons à la vie, par le corps, les sensations et les instincts. Elle représente notre nature régressive et en cela le signe et la maison occupée par la Lune indique ce qui peut rétablir notre sentiment de sécurité. (cf. Liz Greene)

Dans ce thème, la Lune est en Vierge, insérée dans une triple conjonction, Pluton-Uranus-Lune, en maison IX : Le corps (analogie symbolique avec la Vierge) est le dépôt d’émotions profondes et perturbantes ; il a pu être le lieu d’un enjeu de pouvoir, mis en place par la mère sur le corps de son bébé, un corps à « neutraliser » avec méthode et soins pour ne pas se laisser déborder par ses émotions négatives (Pluton) et son désir inconscient de prendre le large (Uranus). 

Le signe de la Vierge apporte au sujet un net recul par rapport à son activité émotionnelle, filtrée (refoulée ?) sans délai par ses hautes facultés de discernement. Pourtant la Lune est l’objet de puissantes influences de la part de Pluton et Uranus, des influences de passions et d’émancipation qui secouent parfois violemment l’émotivité du sujet. Cela suggère l’image d’une aventurière (Uranus et Pluton nous emmènent toujours au-delà des frontières de notre zone de confort) qui se fraie un chemin dans une contrée inconnue, en se fiant moins à son flair qu’à son raisonnement ; cela peut éventuellement être un mécanisme de défense face à des sentiments trop perturbants et générer des inhibitions.

Son sens critique étant développé, il y a de fortes probabilités que le sujet soit exigeant, vigilant, et peut-être pointilleux par rapport à son corps (le signe de la Vierge apporte une tendance au perfectionnisme, à la purification) ; il y a une préoccupation importante de la santé, de l’hygiène de vie, une rationalisation des besoins du corps. Il est possible que le corps soit perçu comme un instrument à optimiser, au détriment de sa dimension instinctuelle, pulsionnelle. Autre dérive possible, sa perception analytique de son corps le noie dans les détails et obstrue une vision large, cela peut avoir pour conséquence de s’autolimiter voire se dévaloriser.

Vénus révèle l’amour de notre propre corps comme source de plaisir, de beauté et de valeurs. Dans le royaume sensuel de Vénus, il s’agit de goûter aux satisfactions que la vie matérielle nous apporte (notre shampoing préféré, notre lit douillet, notre désir d’embellir notre appartement…), d’apprécier la frivolité, la parure, le beau. Vénus apporte le sentiment de sa valeur propre que rien ne peut remplacer, ni l’approbation d’autrui ni un idéal d’abnégation, de renoncement. Se couper de Vénus se traduit par l’absence de joie immédiate, du plaisir spontané et de la simple confiance en soi que personnifie la déesse Vénus. (cf. Liz Greene)

Dans le thème présenté, Vénus est en Verseau, en maison II : cette position favorise des goûts peu conventionnels, de la sociabilité, de la chance en matière de rencontres. Les rencontres amoureuses se produisent le plus souvent dans le circuit des réseaux amicaux. Les amours ont une teneur amicale, les amitiés ont une teneur amoureuse – relations fondées sur une complicité intellectuelle. 

Le sujet exprime son affection librement, avec créativité. Il sait préserver son indépendance tout en satisfaisant un grand besoin de rapports sociaux.

Le signe du Verseau marque un besoin de se démarquer du groupe tout en y étant intégré, cela peut se manifester dans sa manière de s’apprêter, de séduire, avec une pointe d’originalité sans céder à l’excentricité. Sa féminité est entière car Vénus en maison II est en position forte, cela donne une sensibilité aux atours du féminin, voire un goût pour le luxe, une recherche du confort et du plaisir, mais sa coloration Verseau (élément air) atténue la sensualité et accentue une approche mentale. La configuration de Vénus n’indiquerait aucune fragilité narcissique.

Dans ce thème natal, le point névralgique ne se situerait pas tant au niveau de l’apparence du corps, de son reflet, qu’au niveau de son contrôle par le mental, un étau un peu trop serré qui bloquerait l’épanouissement personnel, La Lune étant en contact dissonant avec le Soleil et Jupiter.


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