Dans les 10 derniers.
Parce que lire c'est un peu beaucoup mon métier. C'est une nouvelle manière de respirer et de voir. C'est une manière d'être. C'est s'ouvrir les sens et voyager. C'est le luxe de se donner du temps pour soi.
Un véritable luxe de nos jours.
Lire est une odyssée.
ULYSSE de JAMES JOYCE.
Le premier contact de James Joyce avec L'Odyssée d'Homère se fait enfant, avec The Adventures of of Ulysses, de Charles Lamb, une adaption de l'oeuvre de Homère, pour les plus jeunes. À l'école, il compose un texte appelé "my favourite hero" qui sera, justement Ulysse.
Dès 1914, il pense appeler sa première oeuvre, le recueil de nouvelles Dubliners, en 1914, Ulysse. Mais il se ravisera et prendra même le temps de publier A Portrait of the Artist as a Young Man, en 1916, qui avait attiré l'attention, d'Ezra Pound entre autre.
L'écriture de l'histoirde Leopold Bloom commence donc autour de 1914, mais devient plus riche, année après année, avant la fin de la rédaction, à l'automne 1921. Le jour de sa fête, ses 40 ans, le 2 février 1922, son troisième roman est lancé.
Bloom, dessiné par Joyce
Avec ce livre, d'abord présenté en tranches dans les magazines depuis 1918, Joyce créé, parmi les premiers effets de flux de conscience* révélant beaucoup de l'intimité des charges mentales des personnages. Ça a plu tout de suite, mais, dans cette époque conservatrice, ça a aussi choqué. Aux prudes et hypocrites États-Unis, on l'accusera "d'obscénités" et on l'interdira de publication jusqu'en 1934.L'Odyssée d'Homère était divisée en 24 épisodes.
Ulysse de Joyce sera divisé en 18 épisodes. Inspirée de L'Odyssée de Homère, l'histoire sera plantée dans le Dublin de l'époque, dans la vie de Leopold Bloom, le temps d'une seule journée, le 16 juin 1904.
Dans les trois premiers épisodes, l'action se forme autour de Stephen Dedalus, personnage présenté dans A Portrait of the Artist as a Young Man. Dedalus représente les domaines spirituels, intellectuels et immatériels, ce qui sera l'opposé de Leopold Bloom.
Les 12 épisodes suivants sont le coeur de l'oeuvre, avec Leopold Bloom, le matériel et le sensoriel, et la rencontre des deux hommes, en apparence, "opposés" l'un à l'autre. L'auteur fait naître un Dublin dense et très détaillé de choses plus ou moins vraies, la ville ne servant que de décor à l'action.
La dernière partie offre le retour à la maison et le sentiment d'unité et de non séparation qui s'en dégage.
Le roman d'Homère était aussi divisée en 3 parties, la Télémachie, l'Odyssée, le Nostos. Joyce en emprunte quelques idées. Avec la première partie où Dedalus devient Télémaque. La seconde est l'odyssée ulyssienne, et la dernière le retour à l'Ithaque.
La construction du roman reste moderne et peut-être trop pour 1922. D'un épisode à l'autre le style change et la narration passe des descriptions aux pensées intérieures. En tant qu'individus dans la masse, les personnages, de 8h00 le matin à 3h00 du matin, l'espace d'un ordinaire jour, sont voué au cul-de-sac. L'annonce de la fin des temps passe sous le nez des deux protagonistes dans l'indifférence. Ce qui reste très actuel.
Le livre tente de capturer ce qu'est la vie dublinoise en une journée. Dans la modernité du XXème siècle.
Que nous avons quitté, il me semble, hier.
Le 16 juin de chaque année est de nos jours appelé, en Irlande en tout cas, Bloomsday.
Jour où on y célèbre la grandeur de l'écrivain, James Joyce.
Joyce dira que Bloom, dans sa tête ressemblait à l'acteur Holbrock Jackson.
*Marcel Proust ferait aussi pratiquement la même chose avec le livre qui donne son nom à cette chronique mensuelle, la même année.