Mouvement

Publié le 27 mai 2019 par Elosya @elosyaviavia

Dans mon job actuel, je côtoie pas mal de gens.

Je travaille dans le domaine associatif et c’est agréable car j’échange avec des personnes aux profils très variés.

Il n’y a pas si longtemps, nous avons organisé un événement associatif.

C’était convivial et festif. Les gens pouvaient venir se poser, se rencontrer et discuter de leur activité dans une association autour de 1,2 ou 3 cafés (oui grosse consommation). Ça a défilé une bonne partie de l’après midi.

Pour l’occasion, un photographe était présent. Il est systématiquement là sur l’ensemble des événements organisés par la structure où je travaille. C’était la première fois que je le voyais à l’oeuvre et je l’ai trouvé plutôt doué pour mettre les gens à l’aise, même les plus réticents. Il est bien connu des gens du service et des associations avec lesquelles nous collaborons. Il a eu un petit mot pour l’une, a demandé des nouvelles des enfants à un autre, a voulu savoir comment se passait telle activité pour untel.

Malgré la réticence de certain.e.s à se faire tirer le portrait, il arrivait progressivement à lever les freins des personnes et prenait des photos de toute beauté.

Je discutais avec une dame Y. Je l’aime bien Y parce qu’elle a un sacré accent du sud qui reste très présent, malgré plusieurs années à habiter en région parisienne. C’est une fringante senior qui a une énergie de dingue. Je lui ai posé pleins de questions sur ce qu’elle a fait avant professionnellement parce qu’elle a eu différentes vies pros bien distinctes. Nous avons parlé du temps qu’il faisait ce jour là et je lui faisais part en rigolant de mon incompréhension devant sa non frilosité, puisqu’elle état déjà venue me voir en t-shirt ou avec un petit pull ultra léger, des matins où il devait faire moins de 10 degrés dehors. J’ai découvert cet après midi là, qu’elle aimait les chats tout comme moi.

Nous continuions à discuter lorsque le photographe est venu. Il lui a proposé une photo. Elle lui a dit avec un air faussement agacée et un petit sourire : tu sais bien que je n’aime pas ça et puis je ne suis pas photogénique. Il lui a sourit, a répondu que si si elle l’était et qu’il ferait un très joli portrait d’elle. Elle ne semblait pas sûre, elle a proposé au photographe qu’il fasse plutôt une photo de moi. J’ai répondu que non, non, j’avais déjà posé et que c’était chacun son tour et qu’elle ferait un très beau modèle.

Le photographe a acquiescé. Et alors très délicatement, il lui a tendu la main et l’a déployé comme s’il l’invitait pour une danse. Elle a regardé cette main tendue, un peu décontenancée, un sourire aux lèvres, elle lui a pris la main et s’est levée doucement de sa chaise. Elle a fait le tour de la table, tenant toujours cette main tendue et lui ne lâchant pas son étreinte. Lorsqu’elle est arrivée à sa hauteur. Et d’un mouvement gracile, il la fit tournoyer. Un moment suspendu. Tout en continuant à la tenir, ils se sont dirigés vers les portes de la structure pour aller dans le jardin juste devant.

J’ai été captivée, parce qu’elle a piqué un fard et rit timidement. Elle avançait fière et gracieuse en se laissant guider par le photographe.

Lorsqu’il l’a fit tournoyer, j’ai eu l’impression fugace de la voir avec une robe longue et évasée qui voletait dans les airs. Ça m’a rappelé les récits de bals à l’ancienne et qui me fascinent toujours. Ce jour là, elle était en jean et t-shirt, mais je ne sais pas, j’ai eu la sensation de pouvoir deviner le mouvement d’une robe mise spécialement pour un bal. Et de l’invitation d’un beau jeune homme à danser sur la place du village et de ce moment où prendre la main connecte deux personnes pour une danse ou pour une vie.

Publicités