La FinTech transforme le paysage du crédit

Publié le 27 mai 2019 par Patriceb @cestpasmonidee
Quand les premières plates-formes de crédit entre particuliers sont nées au milieu des années 2000, les acteurs historiques du secteur n'y voyaient qu'un épiphénomène sans lendemain. Bien que certains persistent à la considérer dédaigneusement, la FinTech fait désormais plus que partie du paysage, prenant une part de marché significative.
Naturellement, en 15 ans, les modèles idéalistes des origines ont laissé place à des approches beaucoup moins disruptives. Ainsi, le principe de désintermédiation « P2P » qui constituait initialement la base des offres de Zopa, Prosper, LendingClub… s'est souvent converti en une hybridation des financements, tandis que de nouveaux entrants, tels que Square, voire Amazon ou Apple, cherchent plus à révolutionner l'expérience utilisateur tout en conservant un fonctionnement classique en arrière-plan.
La conséquence de cette maturation progressive des solutions alternatives est leur progression rapide, dont l'impact risque de surprendre les institutions qui n'y prennent pas garde. Les dernières statistiques présentées à l'occasion du « Card Forum » 2019 révèlent en effet que, aux États-Unis, la FinTech représente maintenant 38% des prêts personnels (contre moins de 1% en 2010 et 21% en 2015).  Visa estime par ailleurs que 5% de l'activité sur les cartes de crédit est détournée vers ces instruments.
Le changement est loin d'être superficiel, car il n'est pas simplement question, pour les consommateurs, de sélectionner un fournisseur plutôt qu'un autre en fonction des seules conditions commerciales qu'il propose. Ce sont également de nouvelles manières d'aborder le crédit qui commencent à s'imposer, les paiements en plusieurs fois et/ou les options de financement disponibles instantanément en caisse (physique ou virtuelle) prenant le relais de la carte de crédit jusque ici reine incontestée du domaine.

Pour une partie des établissements de crédit en place, la menace est réelle et ne fait que prendre de l'ampleur. Ils voient notamment poindre le désir de différents intervenants de la chaîne de valeur de s'en approprier toutes les composantes, à l'instar des compagnies aériennes, pour ne citer qu'un exemple, qui veulent gérer les paiements de leurs clients, en y intégrant le financement, le cas échéant, et les programmes de fidélité. Les plus lucides réalisent alors que ces attentes doivent être prises en compte, sous peine de laisser des concurrents plus agiles prendre position et les rendre obsolètes.
Cependant, il semblerait qu'il reste encore une catégorie d'acteurs déterminés à ignorer le danger qui les guette. Leur raisonnement consiste à faire de la FinTech une sorte d'éclaireur des tendances, qui les aide à identifier la direction dans laquelle ils doivent faire évoluer leurs offres afin de rester pertinents auprès de leurs clients. Malheureusement, beaucoup de ceux-là ne prennent pas conscience de leur incapacité – ou, a minima, leur difficulté – structurelle à répliquer de manière efficace les modèles qui les inspireraient. Tout l'enjeu est bien de savoir s'adapter à une nouvelle ère !