S'il y avait bien un concert attendu cette année, c'était celui-là ! My Bloody Valentine est devenu pour toute une génération un groupe mythique. Au coeur du culte, un album, un seul. Loveless, sorti en 1991. Un mélange étrange et irrésistible entre noise music, pop et rock. La voix de la chanteuse/guitariste Belinda Butcher est mise en retrait pour laisser frémir les guitares et compositions de Kevin Shields. Au final un album qui a tout du chef d'oeuvre , euphorisant ou plombant selon les morceaux. Des titres comme Only Shallow, I only said ou Come in Alone véhiculent une charge émotionnelle et une énergie que peu de groupes de l'histoire de la musique rock sont parvenus à délivrer. Et après ? Après rien...Loveless a complètement effacé les productions musicales précédentes du groupe et l'a aussi complètement bloqué dans sa créativité. Incapables de livrer un nouvel opus qui serait d'un niveau égal, les My Bloody Valentine sont doucement disparus de la scène musicale. Les années sont passées, une nouvelle génération s'est appropriée leur album, qui n'a pas pris une ride. Un album qui traverse le temps , qui restera. Et les fans de la première heure comme les nouveaux amateurs rêvaient secrètement un jour d'entendre ce son en live. Un rêve devenu accessible en cette année 2008. Le groupe s'est reformé et a décidé de faire une tournée. Dont un passage en France, au Zénith de Paris. On m'avait raconté que lors de ses concerts, le groupe s'amusait à jouer avec les limites du son. Les concerts s'achevant sur You made me realize, du bruit pur et dur. J'arrive au Zénith, on me donne à l'entrée des boules Quiès. Cela m'amuse. Après une première partie assez moyenne, ils finissent par arriver.
Photo de Brian
Un nuage de fumée, rose. Statique, imperturbable , Belinda chante et nous mitraille avec son acolyte Kevin de ces mélodies venues d'un autre monde, majestueuses. Le public est en transe, nous vivons un moment magique. Les visuels en arrière plan sont planants , comme cette musique aussi douce qu'agressive qui nous libère totalement. Passé les premières émotions, je déchante un peu cela dit. Je rêvais d'entendre Only Shallow en live et la prestation ne fut pas à la hauteur de mes espérances, je n'ai pas vibrer autant que je l'espérais, ça ne décollait pas vraiment. Déception sera malheureusement le terme à retenir de ce spectacle. Plusieurs fois le groupe s'adresse au public sans que l'on comprenne vraiment ce qu'ils essaient de nous dire. On entend juste "sound"...Y aurait-il un problème ? Dans la salle le public est scindé en deux : d'un côté ceux qui planent et s'évadent au rythme de la musique et de l'autre ceux qui sont venus là juste pour entendre du bruit. Ils font des pogos, hurlent "plus fort le son , plus fort le son, du bruit!". Il serait dommage de ne réduire le groupe qu'à cet aspect, il y a dans My Bloody Valentine une dimension si poétique...Toujours est-il que le concert approche de sa fin et vient le moment de bruit, You made me realize. Une sensation étrange, comme une libération. Du bruit, beaucoup de bruit. Et puis ça coupe. Le groupe est monté trop fort au niveau du son, la salle a interrompu ce dernier moment. Le public hurle : il a attendu plus d'une décennie pour profiter du show et on l'en prive. Le groupe refuse de quitter la scène, les sifflements se multiplient. Finalement le Zénith s'incline, le morceau s'achève, même si les limites du son attendues ne seront pas atteintes. Le spectacle se finit étrangement, sur une frustration...Coupé dans son élan, la fumée rose est repartie.
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble