- La réalité aurait plusieurs niveaux. Il y a ce que l'on voit, la réalité quotidienne, le domaine du faire et de la raison ; ce que l'on ne voit pas (le Cosmos des Grecs, "l'au delà", le "Ciel", etc.), qui pour certains n'a aucun lien avec la réalité quotidienne, ou qui peut en être le principe, le moteur (élan vital) ; entre les deux : la "structure" invisible de la réalité quotidienne, le "mouvement des choses" (Taoisme), que certains appréhendent par l'intuition.
- Ces niveaux auraient des traductions en termes de changement. Il y aurait, d'abord, la vie quotidienne, plutôt chaotique. L'homme, dans une certaine mesure, pourrait "conduire" le changement (construire des routes...). C'est le pragmatisme. Mais le changement ne se ferait pas n'importe comment. Il y aurait une sorte de "mouvement des choses". L'homme ordinaire ne le percevrait que par essais et erreurs. Le "mystique" le sentirait naturellement (Bergson et le Taoïsme). Finalement, au niveau ultime, le principe du monde, en quelque sorte, il n'y a plus de temps et d'espace, plus d'être parfois (Plotin). C'est "l'Un" de la pensée grecque. Il peut être immanent. On peut espérer l'atteindre (transcendance) soit par instant, par une sorte d'exploit (vision, transe...), soit, définitivement, par une vie exemplaire (saint), soit dans notre vie quotidienne, en faisant ce qu'il est bien de faire (Levinas - immanence). (Autrement dit il y a la version "virtuose" ou "simple d'esprit".)
- Quant il y a changement, son moteur peut être double. Il y a le moteur du chaos, le vieillissement, ou l'entropie de la thermodynamique, en physique. Mais il y a aussi une nature du monde qui est structurée. Comme dans le polemos d'Héraclite : l'harmonie résulte de la lutte des opposés. C'est aussi la "culture" des anthropologues. Le changement se fait par passage d'une structure à une autre. Le déclenchement du changement serait soit continu (vieillissement) soit par un effet de "big bang", c'est à dire une sorte de miracle, qui produit un changement non réversible, une nouvelle structure, et garantit l'impossibilité de tout déterminisme.
Comment la philosophie et, plus généralement, la pensée humaine parlent-elles de changement ? Il semble qu'il n'y ait pas de contradiction entre ce que l'on dit sur le changement, mais plutôt complémentarité. (Une tentative de synthèse, que je corrigerai certainement un jour...)