Il en faut toujours un par sélection : Roubaix, une lumière est le film où on ressort sans savoir si on a aimé ou non. Après réflexion, on penche plutôt du côté du " oui ".
Arnaud Desplechin est un réalisateur assez atypique dans le paysage cinématographique français. Ses scénarios sont toujours très originaux dans leur traitement et sa mise en scène détruit des conventions tout en s'inscrivant dans d'autres. Cette fois, avec Roubaix, une lumière, il s'attaque à un fait divers qui a eu lieu dans cette ville et il suit les agents d'un commissariat qui mènent l'interrogatoire de deux femmes ( Léa Seydoux et Sara Forestier, excellentes) accusées d'un meurtre.
La misère humaine.
Par son histoire très calme et sans effusion de sang, le cinéaste révèle son envie de parler de la misère humaine avec la plus grande douceur. Pourquoi une fille va-t-elle fuguer ? Pourquoi étrangler une pauvre vieille dame ? Sous le regard saisissant et amical du commissaire interprété par un superbe Roschdy Zem (peut-être le policier le plus relax et intelligent de l'histoire !) on découvre un monde où le bien et le mal sont des notions qui n'ont aucun sens.
Une réalisation entre le téléfilm et le film d'auteur.
Entre la musique omniprésente et le style de l'enquête, on pourrait parfois se croire dans une série TV, mais pas dans le bon sens du terme. Néanmoins, Desplechin s'avère redoutable lorsqu'il filme de longs interrogatoires, ainsi que par son talent à reconstituer un fait jusqu'au bout, détail après détail, afin d'en soutirer toute sa complexité. Car, c'est cela qu'il veut faire comprendre au spectateur : rien n'est simple. Derrière le crime se cache des humains, or ce ceux-ci n'ont rien de superficiel. Il faut prendre le temps de les écouter et de les comprendre...
En tout cas dans un film, c'est une belle pensée, mais dans la réalité on a envie de dire : bon courage !
Roubaix, une lumière est en compétition officielle au Festival de Cannes 2019.
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