Aladdin arrive au cinéma. Nous ne sommes pas en 1992 mais bien en 2019. Dans la vague de réadaptation de tout leur catalogue en version " live ", Disney s'est penché sur le film qui a marqué une génération. Cette version aura ses détracteurs mais il est impossible de dire que c'est un mauvais film, loin de là. C'est un très bon divertissement dans la grande lignée des productions de la firme aux grandes oreilles.
Ah, qu'il est difficile de donner un avis sur ce film sans jouer au jeu des sept erreurs et pointer du doigt toutes les différences !
On va retrouver beaucoup d'éléments semblables d'un métrage à l'autre. La structure narrative est exactement la même, à quelques détails près. Presque tous les rebondissements, même les plus improbables et difficiles à rendre en prises de vue réelles, sont là. Peu de marge pour l'originalité, donc - mais comme on dit, on ne change pas une équipe qui gagne.
Il faut aborder le point qui inquiétait les fans de la première heure : le remplacement de Robin Williams par Will Smith. Il s'avère que c'est un excellent choix. Robin Williams avait beau avoir fait siens le ton du personnage et du film, il apportait avec lui des références qui étaient un peu datées et que plus personne hors des États-Unis ne connaissait. Will Smith apporte le même style d'exubérance mais réactualisée pour les générations d'aujourd'hui. Chose rare, il joue même en équipe, essayant de ne pas trop voler la vedette aux acteurs principaux, ce qui parvient à donner un certain équilibre au film. Il a enfin bien sûr un talent de showman et de chanteur qui fonctionne impeccablement sur les chansons du film.
En parlant de musique, on retrouve tous les morceaux d'origine et quelques morceaux en plus dont un pour Jasmine qui permet d'approfondir un peu son personnage. La façon de faire des chansons ayant changé entre les années 90 et maintenant, on va davantage sentir la différence que la constater immédiatement. Les compositions d'origine favorisaient les voix avec un petit orchestre qui appuyait sur le rythme. Ici, on est face à une ambiance sonore plus riche mais, du coup, l'ensemble est plus uniforme, les voix par moment disparaissant presque sous la musique.
Disney sur ses précédentes réinterprétations n'a pas pris beaucoup de risques, optant pour un décalque aussi proche du plan pour plan que possible. Guy Ritchie a un style visuel très affirmé donc on est en droit de se demander avant le début du film qui va l'emporter : le consensuel porté par le studio ou l'audace souvent proposée par le réalisateur par le passé. La réponse est... un peu les deux. Le film s'efforce de rester tant que possible fidèle au dessin animé mais dès qu'il entrevoit une ouverture, Guy Ritchie essaie d'apporter sa patte. Cela reste discret pour ne pas déséquilibrer le métrage mais c'est bien présent au détour de quelques longs plans séquences ou alors au moment de la poursuite dans le marché, au début du film.
La grande force dans les derniers films en prises de vues réelles de Disney réside dans un savoir-faire qui fonctionne une fois de plus admirablement bien : une gestion des décors et des costumes irréprochable. C'est un festival pour les yeux. Chaque plan regorge de détails et de textures au point qu'on ne sait pas vraiment où regarder parfois. Le film respecte la palette de couleurs de référence du film original (alternant souvent entre le bleu et l'orange) en se permettant de l'enrichir et de la diversifier quand l'occasion s'en présente.
est un film qui pousse beaucoup de curseurs plus loin que l'original mais tou
t repose finalement sur l'alchimie entre les personnages. Après un casting qui semble avoir été un vrai casse-tête pour la production, il faut reconnaître qu'il n'y a pas de fausses notes. Bien sûr les acteurs sont moins expressifs que sur un dessin animé et qu'il est difficile de rendre la bonhomie joviale du Calife mais tout le casting fait un très bon boulot pour nous emporter dans cette aventure des Mille et une nuits.
version 2019 est en fait l'équivalent cinématographique du " verre à moitié vide ou à moitié plein ". Selon votre degré de désillusion ou de cynisme, vous allez soit pencher du côté qui dit " le film est mauvais, c'est exactement la même chose que l'original " soit du côté " le film est très bon, c'est exactement la même chose que l'original ". A vous de choisir votre camp mais personnellement, j'ai choisi : puisque le film existe et que l'original ne disparaîtra pas, autant reconnaître ce qu'il est : un très bon divertissement qui ravira les générations présentes et à venir.