C'est maintenant une étrange habitude, mais cette année encore rien ne se passe comme d'habitude avec les récoltes de printemps. D'abord prévues très hâtives, retour au froid, et finalement récoltes dans un timing normal, voir même un peu en retard. De manière très sporadique, on subit début de-ci de-là des dégâts dus à des chutes de grêle importante, jamais vu auparavant ! Puis arrivé de très grosses chaleurs.....
Il existe ainsi de très grosses déceptions cette année, mais finalement globalement il me semble que la qualité est plutôt au rendez-vous, surtout en comparaison de 2018 et 2017 relativement médiocres. En revanche, les quantités récoltées sont faibles cette année.
En ce qui concerne ma sélection 2019, les choses avancent assez lentement (il y a toujours les questions de finition des thés bruts qui peuvent repousser les choses), mais sûrement avec déjà beaucoup de très bonnes choses. J'ai déjà évoqué le Saemidori de Kirishima vraiment superbe cette année. Le Kanaya-midori de Mariko est toujours aussi lacté, le Yabukita de Harayama plus équilibré et agréable que jamais.
Belle découverte de l'an dernier, le Uji-midori non-ombré de Ishidera à Wazuka est encore meilleur cette année, un peu plus rond, et un parfum floral et d'herbes aromatiques déjà très prometteur, que la maturation va rendre encore plus intense. Il s'agit d'une toute petite production, voyez ci-dessous seulement les 6 rangés courbées en avant plan !
Uji-midori reste un cépage très rare, et est la plupart du temps utilisé pour le kabuse-cha.
Le sencha Fuji-kaori de Fujieda est encore une fois super typique, robuste, riche à la fois en astringence et en umami, et avec surtout son parfum de jasmin caractéristique, de plius en plus présent au fil des infusions. Là encore un thé dont on peu attendre beaucoup avec la maturation.
Très grosse joie cette année, en ligne dans quelques jours : un sencha non ombré de Wazuka, là encore du célèbre secteur de Harayama fait avec le cultivar Yamakai !!! Ce cépage si particulier, en voie de disparition, que j'apprécie tant est très rare ailleurs qu'à Shizuoka, et en dehors de Shizuoka il fut surtout dédié aux thés ombrés. En voici un excellent, non ombré, qui conserve le caractère de Yamakai tout en étant bien un sencha dans le style de Uji. J'y reviendrai bien sûr sous peu.
Enfin, je répète chaque année la même chose, mais il semble que les infos tournent toujours aussi mal quant au thé japonais en occident :
1. le "shincha" n'est pas un type de thé particulier. C'est juste une appellation marketing sous laquelle sont commercialisés les thés (sencha majoritairement) pendant les quelques semaines qui suivent les récoltes de printemps (uniquement ; on ne parlera pas de "shincha" ou "thé nouveau" pour les nouvelles deuxièmes récoltes). Mais ce sont bien les mêmes thés qui sont vendus toute l'année.
2. D'une manière générale ce concept de "shincha", thé nouveau donc, n'existe pas pour les gyokuro et matcha, qui seront commercialisés (ou commenceront à intégrer des blends avec des thés de l'année précédente) à partir de l'automne, de l'hiver parfois même. Ces thés très particuliers ont besoin de maturation pour se révéler, et sont encore sans intérêt réel au printemps. Maintenant est précisément le bon moment pour les gyokuro de l'an dernier.
Faites tourner !