Immédiatement propulsée au firmament des plus grandes voix contemporaines grâce à l’album Dummy de son groupe Portishead, en particulier grâce à « Glory box », chanson finale de l’œuvre toujours aussi culte vingt-cinq ans après sa publication, Beth Gibbons revient avec un nouveau projet solo qui, encore une fois, ne cherche assurément pas le coup de marketing. En effet, c’est bel et bien l’œuvre artistique qui prime avant toute autre chose.
Si elle avait initié sa carrière solo en 2002 aux côtés de Rustin Man (pseudo de Paul Webb qui vient justement de publier son second album, cette fois-ci seul), la retrouver dans ce style si particulier en étonnera plus d’un. En effet, s’il paraît plus évident que jamais que les frontières entre genres et styles musicaux sont floues, il demeure une séparation monumentale – mais pas moins incompréhensible : la musique classique et l’opéra continuent à part, dans leur propre bulle, par-delà le reste, alors même que tous les autres genres cohabitent sans exception.
Heureusement, certains artistes ouvrent des portes nécessaires en collaborant avec des orchestres (symphoniques ou contemporains) et, dans le cas de Beth Gibbons, elle pousse carrément l’expérience jusqu’à interpréter ce que est considéré comme l’un des monuments de la musique classique des 50 dernière années !
Les trois mouvements de la troisième symphonie d’Henryk Górecki intitulée « Symphony Of Sorrowful Songs » (ou « Symphonie des chants plaintifs ») sont ici interprétés par l’Orchestre symphonique national de la radio polonaise, dirigé par le grand Krzysztof Penderecki. Il s’agit en fait d’un enregistrement live qui remonte au 29 novembre 2014 et qui s’était déroulé à Varsovie dans le cadre d’un programme dont Johnny Greenwood (Radiohead) ou Bryce Dessner (The National) faisaient partie.
Il existe un film de la prestation de Beth Gibbons, laquelle s’était lancée de toute son âme dans le projet au point d’apprendre le texte de l’œuvre de Górecki dans sa langue d’origine !
Je n’ai pas encore vu d’extraits de ce film, mais la simple écoute de l’enregistrement qui vient d’être publié en ce début d’année suffit à me donner des frissons à chaque écoute – et cela se produit depuis ma toute première rencontre avec l’album.
Merci Beth Gibbons pour cette rencontre. Merci Domino de nous permettre de vivre ces émotions. Et merci à Henryk Górecki qui nous a quitté en 2010 et que je découvre probablement de la plus belle manière !
(in Heepro Music, le 21/05/2019)
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