L'horloger des mots

Par Jlhuss
[Réédition d’été]

Point de télévision, point d’ordinateur, la maison familiale, celle des “racines”, ne logeait pas les objets et machines modernes et hautement technologiques. Le confort y est doux, suffisant, agréable mais il respecte les âmes des disparus qui pourraient passer par là et s’effrayer d’un “bip” intempestif ou d’un écran “voyeur” …Chacun chez soi !

Au dessus du coin téléphone…Il y a un téléphone ! Concession longtemps discutée et acceptée par “sécurité”, une large niche a été creusée dans l’épais mur de granit. Là sont des trésors oubliés, puis retrouvés chaque été par les plus jeunes en manque de technologie, pour leur plus grand plaisir : des livres !

Ils ont été abandonné dans cette retraite granitique par les générations successives; régulièrement dépoussiérés et ouverts à nouveau, ils revivent périodiquement, remémorant l’auteur mais surtout celui ou celle qui les confia ainsi à la postérité granitique !

C’est le miracle du grenier.

L’évolution s’empare du coin de granit; la place comptée réclame le tri, pas question de jeter mais simplement d’écarter du Panthéon au profit d’une armoire moins chargée et plus retirée. Elle deviendra encore plus secrète et convoitée.

Ainsi dans le panthéon Morvandiau demeurent les auteurs locaux, de notre terroir Bourguignon…Les Jules Renard, Romain Rolland, Vincenot, Marie Noël, Colette… J’ai ainsi redécouvert cet été l’extraordinaire “horloger” du mot…Jules Renard, son journal, son Poil de carotte et autre Écornifleur…Magique.

Le citoyen Maire de Chitry les Mines, à côté de Corbigny, en Nièvre, fait ma joie.

Arion en est depuis bien longtemps le chantre.

Amis blogueurs relisez Renard, il vous fera pâlir de jalousie, son “blog” est merveilleux.

“Socialiste, il n’en coûte rien de l’être par raison, mais le sentiment ruine.Le socialiste par raison peut avoir tous les défauts du riche; le socialiste par sentiment doit avoir toutes les vertus du pauvre…

Socialiste, mais je deviens propriétaire furieux dès que les gamins jettent des bâtons dans mes cerises, et je parle tout de suite de prendre mon fusil…

Un socialiste indépendant jusqu’à ne pas craindre le luxe. deux sonnettes à la porte. Sur quel bouton faut-il presser pour entrer ? Un menu au champagne, servi par deux bonnes, un secrétaire, une des plus belles vues de Paris…”

Ami de Léon Blum, l’attachement de Jules Renard pour “sa petite patrie” en Bourgogne-Nivernaise le conduira à être élu conseiller municipal de Chaumot en 1899 puis maire de Chitry de 1904 à sa mort.

Sa vie et son oeuvre sont inséparables de Chaumot et de Chitry.

Qu’il s’agisse de “Poil de Carotte“, du “Vigneron dans sa vigne“, d’ “Histoires naturelles“, de “Bucoliques” ou de son célèbre “Journal“, Jules Renard puisera son inspiration dans la campagne nivernaise et parmi ses “frères farouches”, pour mon plus grand plaisir.

Jules Renard séjournera le plus fréquemment possible dans la Nièvre, surtout à partir de 1886, date à laquelle il loue à Chaumot, commune limitrophe de Chitry, une maison, que l’on peut toujours voir, surplombant l’ Yonne et le Canal du Nivernais, presque vis à vis de celle de ses parents située elle, à Chitry.

C’est enfin à Chitry que, mort à 46 ans, il sera inhumé le 24 mai 1910.