Je me suis soudain réveillé, j’étais seul.
J’ai reconnu le petit-duc, à ses gémissements aveugles,
Qui du haut du ciel semblaient tout proches,
Au-dessus de ma poitrine.
Avec son chant, je me suis retrouvé vivant dans le silence ;
Mais perdu dans mes rêves, de mon corps
Rien ne restait qu’une mémoire
Triste et déçue.
Et toi aussi, mémoire et non image,
Tu me dominais, tu dominais ce chant,
Et tu rendais mortel ce silence,
Sans m’apparaître.
Tu t’étais dissipée en moi, pour ainsi dire,
Dans ma chair lasse, en rêve. Un spectre mortel
Qui terrasse cette vie. Et pourtant
Je continuais de t’aimer.
Pier Paolo PASOLINI (1922-1975), Adulte ? Jamais, traduit de l’italien par René de Ceccatty.
Poésie italienne pour le Mois italien chez Martine