Concept développé dès les années 90, et officialisé en 2007 en tant que ligne politique par le Parti communiste, le soft power chinois s'est affirmé au même rythme que la croissance économique intérieure stupéfiante du pays.
Hausse de la consommation des ménages, transformation des ses infrastructures immobilières et routières, surmilitarisation, urbanisation continue mais aussi inégalités accrues... la population chinoise a vu ses repères traditionnels éclater au profit d'une modernisation à marche forcée.
A l'extérieur de ses frontières, l'Empire du milieu a également multiplié les investissements sur l'ensemble de la planète, entre autres dans des régions délaissées ou boudées par les Occidentaux (Afrique de l'Est, Golfe, Amérique du Sud.) Ceci ne va sans pas inquiéter les États-Unis, dont la position hégémonique vacille lentement.
Actuellement, la rivalité diplomatico-commerciale des deux pays se cristallise autour de technologies commercialisées par le géant chinois des télécoms Huawei, dans ce qui s'annonce comme la prochaine révolution mobile : le déploiement de la 5G. Huawei souhaite se positionner comme leader dans la distribution des technologies et installations afférentes, notamment en Europe.
Les États-Unis en ont fait une affaire de sécurité nationale : Donald Trump emploie même le terme de["containment"]i vis-à-vis de son voisin asiatique. Le pays a banni, fin janvier, le constructeur chinois du commerce de la 5G sur son sol, en exhortant ses citoyens à boycotter les appareils de la marque.
D'autres pays n'ont pas tardé à s'aligner sur les Américains. Parmi eux, le Canada, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et l'Australie, groupe dit des "Fives Eyes", car leurs services secrets pratiquent une collaboration étroite, en favorisant l'interopérabilité de leurs sites militaires et stations d'écoute. Ils multiplient les mises en garde contre le risque d'espionnage et de sabotage par la firme Huawei, proche du pouvoir communiste.
Dans leur ligne de mire, l'Europe. Elle constitue le marché de premier plan pour l'essor des infrastructures et des technologies connectées qui accompagnent la 5G.
Rappelons que la part de marché associée à la 5G est estimée à 225 milliards de dollars dans le monde. Les États-Unis ont menacé les pays membres de l'Union européenne de moins collaborer en matière d'intelligence économique et politique s'ils ne faisaient pas barrage à Huawei.
Alors, les Chinois s'apprêtent-ils à tisser leur toile d'écoute et de contrôle à partir des device Huawei commercialisés en Europe ? La question de ce possible b[soft-spying ]b("espionnage par des moyens non-militaires") a le mérite d'être posée, justifiée par l'espionnage industriel décomplexé que pratique Pékin.
Celle qui ne se se pose pas, en revanche, concerne la dépendance du Vieux Continent au constructeur chinois pour accéder aux technologies 5G. Huawei possède le plus de brevets en Europe, tous domaines confondus, et affirme donc son hégémonie dans le déploiement des équipements de réseaux future génération (commutateurs et antennes haute fréquence.)
Les concurrents européens que sont le Finlandais Nokia et le Suédois Ericsson, s'avèrent dans l'incapacité d'équiper les États membres d'ici 2020. A l'inverse, les matériels de Huawei sont déjà à l'essai par les industriels français. Un refus de collaboration avec Huawei pourrait coûter un retard de de 2 ans environ aux utilisateurs européens.
De plus, comme le rappelle Loreline Merelle, journaliste pour Arte, "Il n’y a pas pour l'instant aucune preuve de l’existence d’une porte numérique dérobée sur les appareils Huawei", contrairement au scandale des écoutes permises par l'américain Cisco, suite aux révélations d'Edward Snowden.
Au delà de la guerre sino-américaine, l'Europe doit donc se positionner comme un intermédiaire précautionneux dans l'utilisation des technologies Huawei. La Commission européenne a d'ores déjà enjoint ses membres à "renforcer ses mesures de cybersécurité" et de "mettre en place la certification européenne de sécurité sur l'ensemble des réseaux."
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