Les immortelles, de Françoise Bogádi

Publié le 16 mai 2019 par Francisrichard @francisrichard
Chaque plante, chaque animal, chaque être humain porte tout l'univers en lui, plus un principe qui n'appartient qu'à lui et qui le différencie des autres.

C'est un des préceptes que Maman a appris à sa fille Dea, sa déesse. Elle lui a dit aussi: Tout est dans tout, le bien est dans le mal et le mal est dans le bien.

Sur le domaine vivent le minotaure, le père de Dea, qui est à la fois abusif et protecteur, Maman donc, la magicienne, et ses cinq frères, les centaures.

Le père a voulu que les prénoms de ses fils et de leurs chevaux, commencent par une des cinq voyelles de l'alphabet. L'aimé de Dea est Orfeo, qui monte Orion.

La magicienne transmet à Dea sa connaissance des plantes et des simples, au jardin puis dans son laboratoire: Dea note tout dans son cahier bleu.

La vie de Dea bascule, le soir de la fulgurance, quand son frère Icare organise un bal au domaine et que survient le beau Jonas qui lui dit notamment:

Savez-vous que les deux émanations essentielles d'un être sont sa voix et son odeur? Ils sont les reflets de son âme [...]. Si vous voulez blesser une personne au plus profond, dites-lui qu'elle sent mauvais, ou que sa voix est désagréable ou mal posée.

Peut-être Dea aurait-elle dû prêter davantage attention à ces paroles de Jonas ... avant d'en tomber amoureuse et d'en oublier les fleurs et la soif des fleurs .

Après la mort du minotaure, puis d'Orfeo, le frère qu'elle aimait, elle dit en effet adieu à Maman et part avec Jonas pour une grande ville, dans le nord.

S'y révèlent un autre monde - tout carré - et un autre Jonas, qui lui donnera tout ce dont elle besoin, à condition de faire tout ce qu'il lui demande...

Tout est en place pour que se joue une tragédie aux accents antiques, comme le laissent présager les noms des protagonistes et des chevaux.

Fabienne Bogádi intercale au récit un autre récit, en italiques, qui se situe plus tard, comme un chant, sans ponctuation, mais de plus en plus précis.

Le lecteur est prévenu par ce chant que cette histoire va mal finir, ce qui est le propre des tragédies, mais il ne sait pas, jusqu'au bout, comment cela se produira.

Francis Richard

Les immortelles, Françoise Bogádi, 216 pages, L'Âge d'Homme

Livre précédent:

Le corps déchiré, Olivier Morattel Éditeur (2014)