(Ceci est un texte rempli de vérité sur la question palestinienne écrit par madame Sylvia Cattori, jounaliste indépendante en Suisse. C’est avec un grand plaisir que je diffuse son message sur Rwatch.)
Non, Monsieur Sarkozy, c’est la sécurité des Palestiniens qui est menacée À propos de la « sécurité d’Israël » par Silvia Cattori
Mondialisation.ca, Le 30 juin 2008
« Israël a le droit de se défendre », voilà ce que l’on entend répéter, à la nausée, depuis des années, par à peu près tous les dirigeants de l’Europe et des Etats-Unis. Et maintenant, avec une insistance accrue par M. Sarkozy. Lors de son discours du 23 juin 2008 devant la Knesset, celui-ci a déclaré : « La France ne transigera jamais avec la sécurité d’Israël » (*).
Et la sécurité des Palestiniens ? Lequel d’entre ces dirigeants nous parle-t-il jamais d’assurer la sécurité des Palestiniens ?
Pourtant, ce sont bien les Palestiniens -sans armée, ni Etat- qui vivent dans l’insécurité permanente. ?! Donc, qui menace qui en vérité ?
Les statistiques publiées par B’Tselem, le Centre israélien pour les droits de l’homme dans les territoires occupés [1], indiquent bien que, du 29 septembre 2000 (début de la deuxième Intifada) au 31 mai 2008, 4’830 Palestiniens (dont 947 enfants) ont été tués par les Israéliens, alors que 1’055 Israéliens (dont 123 enfants) ont été tués par les Palestiniens (en réponse aux attaques meurtrières israéliennes) durant la même période.
Sur cette longue période, les Palestiniens représentent donc 82% des tués, soit 4.6 Palestiniens tués pour 1 Israélien.
Le Département des relations nationales et internationales de l’Organisation de Libération de la Palestine a publié des chiffres très voisins sur les victimes palestiniennes depuis le déclenchement de la deuxième Intifada [2], en indiquant par ailleurs que :
Mais, plus terrible encore que les chiffres calculés sur l’ensemble de cette période, est l’aggravation spectaculaire du caractère violent et meurtrier de la répression israélienne depuis la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas en mars 2006.
Un article de Patrick O’Connor, du 4 novembre 2006, relevait que « les Palestiniens, déjà soumis à l’occupation militaire et à l’écrasante violence israélienne, ont été tués à un taux de 26 Palestiniens par Israélien tué, depuis que le Hamas a pris le pouvoir, le 29 mars 2006 [491 Palestiniens contre 19 Israéliens], et de 76 Palestiniens par Israélien depuis le 1er juillet [381 Palestiniens contre 5 Israéliens]. Bien que les médias de grande diffusion nous parlent encore d’un “conflit” entre “deux parties”, au cours des sept derniers mois, cela a été tout simplement un massacre » [3].
A ne considérer que cette macabre arithmétique – qui ne prend pas en compte les milliers d’innocents massacrés par Israël lors de sa dernière guerre contre le Liban et ne montre pas toutes les souffrances humaines qu’il y a derrière chacun de ces chiffres - il est donc parfaitement immoral de nous parler constamment de la « sécurité d’Israël », sans jamais se préoccuper de la sécurité des Palestiniens.
Et ce discours est d’autant plus immoral que les Palestiniens vivent sous occupation, et qu’on leur demande au surplus, à eux aussi, de garantir la sécurité d’Israël !
Depuis quand exige-t-on de l’occupé qu’il garantisse la sécurité de l’occupant ?
Demandait-on aux résistants français – qualifiés de « terroristes » par les nazis - de garantir la sécurité de l’occupant allemand ?
Or, en déclarant, lors de sa visite à Mahmoud Abbas à Bethléem, « qu’il pouvait comprendre l’état d’esprit des familles israéliennes qui vivent la peur au ventre », et que « la sécurité d’Israël sera d’autant mieux assurée que les Palestiniens auront un Etat » [4], M. Sarkozy a bien montré que c’est la seule sécurité de l’occupant qui le préoccupe : les Palestiniens n’ont droit à quelque considération que dans la mesure où ils y contribuent.
M. Sarkozy est même allé beaucoup plus loin. Ses propos sonnent comme un déni du droit des Palestiniens à résister à l’occupation - pourtant reconnu par le droit international – et comme une apologie de la collaboration avec l’occupant : « Ce qui garantira la pérennité et la sécurité de l’Etat d’Israël sur laquelle je me suis engagé - c’est le combat politique de toute ma vie - c’est la création d’un Etat palestinien à ses frontières, démocratique, moderne où il y aura des hommes comme Mahmoud Abbas ou d’autres, mais des hommes comme lui qui sont portés par les urnes et non pas par les armes, où il n’y aura qu’une seule autorité pour faire régner l’autorité, l’armée palestinienne et pas les milices ou une bande de terroristes. » [5].
de déclarer qu’il mesurait l’honneur de pouvoir s’adresser à cette « Assemblée qui est le symbole d’une des plus authentiques démocraties du monde » ;
[2] Voir : « The second Intifada : 4950 Palestinians killed including 945 children », by Ameen Abu Wardah - IMEMC News, 18 octobre 2007.
[3] Voir : « Israel’s Large-Scale Killing of Palestinians Passes Unreported », by Patrick O’Connor, The Electronic Intifada, 4 novembre 2006.
Voir aussi le commentaire de l’article susmentionné fait par Nidal, sous le titre « L’assassinat sous forme de tableau Excel », tokborni.blogspot, 5 novembre 2006.
[4] Voir : « VISITE D’ETAT EN ISRAEL ET DANS LES TERRITOIRES PALESTINIENS, CONFERENCE DE PRESSE CONJOINTE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, M. NICOLAS SARKOZY, ET DU PRESIDENT DE L’AUTORITE PALESTINIENNE, M. MAHMOUD ABBAS - PROPOS DE M. SARKOZY – (Bethléem, 24 juin 200
[5] Voir note 4.
[6] Voir :
[7] Voir note (*), dans l’encadré.