Partager la publication "[Critique] THE DEAD DON’T DIE"
Titre original : The Dead Don’t Die
Note:Origine : États-Unis
Réalisateur : Jim Jarmusch
Distribution : Bill Murray, Adam Driver, Chloë Sevigny, Steve Buscemi, Danny Glover, Caleb Landry Jones, Rosie Perez, Selena Gomez, Iggy Pop, RZA…
Genre : Épouvante/Horreur/Comédie
Date de sortie : 14 mai 2019
Le Pitch :
Alors que l’axe de rotation de la Terre vient de subitement changer, les morts sortent de leurs tombes pour dévorer les vivants. Trois membres des forces de police d’une petite ville tentent de faire face…
La Critique de The Dead Don’t Die :
Combien de fois George A. Romero a-t-il été sélectionné, en compétition ou non, au Festival de Cannes ? Et Lucio Fulci ? Le truc avec Cannes, c’est que le cinéma de genre se doit d’être légèrement maquillé pour passer les portiques de sécurité. Sinon, on s’en fout. Alors forcément, quand Jim Jarmush, qui se retrouverait à fouler le tapis rouge s’il se décidait à faire un film sur la vie sexuelle des lamantins, donne pour la première fois dans le film de zombie, on lui ouvre en grand les portes et on l’inclut carrément dans la compétition officielle. Ce serait probablement la même chose si les frères Dardenne faisaient un porno ou si Lars von Trier se décidait contre toute attente à réaliser la troisième aventure de Ant-Man pour Marvel. Parce que franchement, ce The Dead Don’t Die, avec son titre à lui seul con comme la pluie, son casting riche de quelques stars habituées du réalisateur (et au demeurant très sympathiques, coucou Bill Murray) et son pitch ultra simpliste, sentait déjà bien le sapin au moment du dévoilement de sa bande-annonce. Le film lui, confirme bien les craintes mais pas seulement, tant Jim Jarmusch, sur ce coup, s’est vraiment dépassé. Et s’il n’avait jamais rien fait de pire ?
World War ZZZZZZ
Dès le début, The Dead Don’t Die se fout de son sujet. Les personnages se foutent de ce qui se passent et Jarmusch, sous couvert d’un respect maladroitement feint pour le genre qu’il aborde, se fout de nous. Ici, les morts se réveillent car la Terre a changé son axe de rotation. Au fond, pourquoi pas. Le problème, c’est que ça n’a l’air de perturber personne. On se dit alors que Jarmusch devait distribuer des comprimés de Lexomil avant chaque journée de tournage car tout le monde tourne au ralenti. Mais ce n’est pas le pire tant certains personnages, non contents de se traîner lamentablement au sein d’une histoire de plus en plus débile et indigente, s’avèrent aussi complètement ratés. Pas du tout dirigés, les acteurs, aussi bons et prestigieux soient-ils, tentent pour certains de sauver les meubles alors que d’autres lâchent la rampe. La palme revient en cela à Tilda Swinton, qui incarne une version pompes funèbres de Michonne dans The Walking Dead. Elle joue comme une truffe, est ridicule en permanence et incarne à elle seule la vacuité pathétique de ce pauvre téléfilm tourné à l’arrache par un mec qui ne compte que sur ses fans les plus hardcore pour remplir les salles arts et essai dans lesquelles il sera, et c’est bien ça le pire, probablement adulé.
The Dead Don’t Die est donc profondément soporifique. Gonflant aussi. Et pas qu’un peu !
Bouffé par les vers
Et c’est donc en nous balançant des références mal digérées à Romero et consort, que Jarmusch continue son gros foutage de gueule. Jamais il ne propose une alternative au schéma dont il tente de se défaire ou qu’il essaye d’apprivoiser (on ne sait pas trop c’est confus) et se vautre dans une rythmique lancinante calée sur celle d’un morceau de country passé ad nauseam. Des scènes entières ne servent à rien du tout, la caractérisation des personnages est inexistante et la mise en scène, digne d’une production Sy-Fy. Bien sûr, les effets-spéciaux sont au diapason. Jamais The Dead Don’t Die ne se détache, jamais il ne surprend ou ne se montre drôle. Par contre, il parvient à faire preuve de prétention. De quoi rendre la démarche particulièrement détestable. En gros, un produit désincarné, boursouflé, insultant envers les amateurs de films d’horreur, mal fagoté et écrit avec les pieds.
En Bref…
Un film taillé sur mesure pour les Inrockuptibles, indigent, sinistre et moche. Un ratage complet même pas sauvé par un casting qui, bien que prestigieux, tourne à vide. Jim Jarmusch a dégainé sa caméra et a fait marcher ses relations pour réaliser son premier film de zombie. Les vampires lui avaient mieux réussi. Ici, il se vautre dans les grandes largeurs. Même si visiblement, il est très fier de lui. En gros, The Dead Don’t Die est un film de zombie à destination des gens qui non seulement n’aiment pas les films de zombies mais n’en ont probablement pas vu un seul (ou alors un épisode de The Walking Dead). N’est pas Edgar Wright qui veut…
@ Gilles Rolland