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Patrimoines déchaînés

Publié le 12 mai 2019 par Onarretetout

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Deux jours de rencontres au Musée d’Orsay, organisés par la Mission de la mémoire de l’esclavage, des traites et de leurs abolitions. Je ne pouvais malheureusement y participer que la première matinée. La question débattue au cours de la première table ronde était : Peut-on « décoloniser » son regard, sa pensée, son imaginaire, ses collections ? Les participants étaient à divers titres responsables de musées : Musée Schoelcher à Pointe-à-Pitre, Musée d’histoire de Nantes, International Slavery Museum de Liverpool, Service régional de l’inventaire de La Réunion, Deutscher Museumsbund. 

Décoloniser, c’est reprendre toute la formation de nos regards. Que ce soit dans la rue, ou devant un tableau. Les témoignages abondent de ces a priori ou de ces images inculquées où les noirs sont descendants d’esclaves et donc toujours soumis à l’esclavage. Tel tableau, à Nantes, représentant un maître, blanc, colon, et son serviteur, enfant noir, esclave, fait ainsi réagir des jeunes : « Je reconnais que l’enfant est esclave parce qu’il est noir » alors que c’est l’attitude dominatrice du colon qui montre l’inégalité entre les deux. D’autres exemples viendront corroborer ces idées acquises : à La Réunion, certains toponymes ont été déformés pour faire oublier la mémoire du maronage (orthographe choisie pour être plus proche du créole et ne pas faire de confusion entre couleur de peau et statut : les marons, dira quelqu’un dans le public, n’attendent pas qu’on leur concède la liberté, ils la prennent). Au Musée Schoelcher, on ne parle pas d’esclaves mais d’esclavisés. C’est aussi de cette manière qu’on dit les mots à Liverpool : non pas esclaves mais mis en esclavage. 

Cette matinée a été ouverte, après les discours d’accueil, par un extrait du solo de Chantal Loïal, On t’appelle Vénus, rappelant notamment ces mots, attribués à Diderot, publiés par l’Abbé Raynal au XVIIIe siècle : « À qui ferez-vous croire qu’un homme est la propriété d’un souverain, une femme d’un mari, un nègre d’un colon ? »

On peut trouver le livre On t'appelle Vénus (EAN 9782359300574), lié au spectacle de Chantal Loïal et présentant les questions que soulève le sort réservé à Sarah Baartman, en m'adressant un message via ce blog.


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