Brailler que tout changera après-demain pour que rien ne change aujourd'hui, voici l'arnaque macroniste.
L'urgence... électorale
A la va-vite, le vieux jeune homme s'est dépêché de faire un micro-discours sur la bio-diversité sur le perron de son palais. Il avait une double urgence personnelle. Un énième rapport du GIEC sur "les impacts d'un réchauffement climatique global" venait d'être publié par l'ONU, et ses auteurs y décrivent une catastrophe écologique majeure mais connue, une "extinction de masse", un génocide écologique. A trois semaines d'un scrutin européen volontairement négligé, Macron a besoin de se faire valoir sur le terrain écologiste.
Il ne lui reste que cela pour paraître " progressiste".
Macron donc bafouille quelques mots ce mardi 7 mai 2019 - le président des riches, l'auteur de la loi anti-asile et de la traque des Gilets jaunes appelle de ses vœux à une "Terre habitable". Des mots, du vent, aucune action ou si peu. Macron s'affiche comme le capitaine d'un Titanic qui explique qu'il vient de changer l'orchestre du pont supérieur. Il récupère même à son compte quelques slogans de l'opposition -"fin de mois, fin du monde", même combat ?
Voici le vieux jeune monarque qui le dit lui-même après que pendant des semaines de mobilisation Gilets Jaunes, ses sbires les plus outranciers aient proclamé l'inverse.
Et oui, maintenant, c'est devenu la thèse officielle, merveilleux retournement: " l'angoisse de fin de mois, c'est une angoisse de citoyens [...] C'est aussi l'angoisse des problèmes de réchauffement climatique et de biodiversité. Je pense que ces problèmes n'en font qu'un."
Le monde s'écroule, on évoque une extinction de masse mais Macron recycle de vieilles et insuffisantes mesures, personne n'est dupe. La manœuvre est politicienne: Macron frappe à " gauche" sur l'écologie, à la dernière minute, car la défense de l'environnement est l'un des rares thèmes à faire surface dans l'inquiétude générale. Mais il pioche aussi à droite, à l'extrême droite, avec sa tête de liste Nathalie Loiseau, ex-candidate sur une liste étudiante avec l'extrême droite dans sa jeunesse qui aujourd'hui répète à n'en plus finir les mêmes slogans anti-migrants et anti-asile que les fachos du Rassemblement national:
La République en Marche a la trouille rageuse de se trouver derrière le FN aux élections européennes. Pensez-vous... Quel bel échec de celui qui s'était érigé en rempart anti-FN en 2017 ? Deux ans plus tard, ce premier scrutin montrera sans doute que son cœur électoral d'une dizaine de pourcent des électeurs est toujours là, ce qui, sur fond de divisions de l'opposition savamment entretenue et d' abstention massive, lui donnera mécaniquement une avance à environ 20% des suffrages exprimés.Dans les sondages du moment, 60% du corps électoral n'a pas l'intention de voter. Les plus fortes proportions de citoyens découragés sont les jeunes et les classes populaires.
Cette abstention sert la Macronie. Cette dernière a tout fait pour qu'elle soit élevée et les oppositions divisées n'ont pas réussi pour l'heure à renverser la barre, à l'exception du Rassemblement national légitimée dans ses bêtises xénophobes par la politique migratoire et sécuritaire de Macron et, plus récemment, les discours de campagne de Loiseau.
Mais si la Macronista se trouve derrière la liste de la Bête Immonde, la claque sera cinglante. Macron d'ailleurs est lui-même cinglant à l'encontre de ses ministres qu'il trouve désormais trop timorés dans cette non-campagne. Le vieux jeune monarque, qui s'attache à " verticaliser" sur sa personne tout le dispositif politique et institutionnel de cette République à bout de souffle se trouve soudainement à engueuler ses sbires de leur manque d'enthousiasme.
La République en Marche a donc la trouille rageuse de se trouver derrière le FN et la voici qui sert la soupe idéologique du RN.
Ecolo/facho ? La Macronista serait-elle devenue vert-de-gris ?
Bref, dans cette dernière ligne droite d'une course européenne ratée, où tout a été fait pour laisser les électrices/teurs dans le découragement et l'abstention la plus massive, la macronie joue la carte vert/brune, nauséabonde et hypocrite à souhait.
Macron n'est pas bio
Revenons sur le " programme" écolo si soudain de la Macronista.
Le bilan provisoire de Macron est connu. Il a même une incarnation symbolique, la démission en direct à la radio de la star écolo du pays débauché pour rejoindre la première équipe du Nouveau Monde en juin 2017, Nicolas Hulot. Ce ministre de l'Environnement a tout balancé en direct: sa rage, sa déception devant tant d'inaction. Les macronistes effrayés ont accusé son amateurisme. Mais jugeons donc les décisions et non-décisions de Macron depuis deux ans en matière écologique.
- Macron a enterré la maigrichonne taxe française sur les transactions financières qui devait financer le plan climat;
- Dans son programme européen, Macron a reporté l'objectif de réduction de moitié de l'utilisation des pesticides (2025 versus 2020); il s'est renié sur le Glyphosate en refusant de faire voter toute contrainte même en 2021 (quelques centaines de personnalités opposantes au Glyphosate ont été d'ailleurs fichées par les agences de com de Monsanto).
- Macron a volontairement toléré, avec une passivité coupable voire criminelle, l'investissement croissant des banques françaises dans les énergies fossiles au détriment des énergies renouvelables;
- Macron a réduit ensuite les effectifs et le budget annuel du ministère de l'Environnement;
- Macron a renié la loi de transition énergétique votée sous Hollande et reporté tous ses objectifs;
- Macron a aussi renié sa propre promesse de réduire notre dépendance à l'énergie nucléaire,
- Macron a entériné le CETA malgré les inquiétudes pour l'environnement.
- Les États généraux de l'Alimentation ont été un fiasco, puis la loi qui s'en est suivi, baptisée "Egalim" a entériné cet échec à prévenir la souffrance animale et soutenir la filière bio.
- Avant de se pincer le nez devant les accusations des ONG, Macron a entériné de nombreux grands projets antiécologiques, de la en Guyane, en Ile-de-France, au contournement autoroutier de Strasbourg.
- Macron a réduit les compétences de l'instance en charge de la protection de la biodiversité.
- Macron a promis la fin des énergies fossiles (#lol), mais autorise de curieuses exceptions, et pour dans très longtemps.
Paroles, Paroles
Le " Green-washing" macroniste suit une logique connue: annoncer bruyamment des grandes intentions et de grands objectifs très tardifs, le tout habillé par des slogans aussi séduisants que vagues (" big bang dans les poubelles", "make our planet great again", etc). L'urgence écologique version Macron consiste à reporter très loin ce qu'on doit faire aujourd'hui; à fixer des objectifs plus ambitieux s'ils sont lointains, modestes s'ils sont immédiats; à promouvoir des gadgets qui sonnent bien mais ne signifient rien. Ainsi les quelques promesses dévoilées à la va-vite (le lendemain des annonces du GIEC), au dernier moment (le 9 mai), et dans un hebdomadaire notoirement de droite (sic!), ne sont qu'un effet d'annonces
- Une taxe carbone aux frontières ? Elle est promise depuis ... 2008 par Barroso, et, en France, Macron a préféré l'annuler en décembre. Comment le croire crédible pour l'appliquer ?
- Le "Pacte de soutenabilité" et la "Banque pour le climat" sont des gadgets politiques pour éviter de modifier l'existant (le Pacte de stabilité, la Banque Européenne d'Investissement). Proposer de créer une banque du climat le jour même, où l'Union européenne entre en dette écologique est cocasse.
- La promesse de neutralité carbone en 2050 est hypocrite, la France ne respecte déjà pas ses objectifs de réduction des gaz à effet de serre.
- L'interdiction de vente de voitures thermiques en 2040 est l'exemple type d'objectif ambitieux puisque lointain; et sans contrainte réelle ni mesure concrète immédiate.
Brailler que tout changera après-demain pour que rien ne change aujourd'hui, voici l'arnaque macroniste.
"Plus rien ne sera comme avant." La porte-parole officielle de la bouillie macroniste le répète sur tous les tons, et sur tous les réseaux. C'est la parole du patron, le vieux jeune homme l'a dit en conseil des ministres. Et l'humain d'abord !
"Moi même, j'ai fait un effort sur moi. Il faut que vous fassiez cet effort." Emmanuel Macron.
Le changement, c'est enfin maintenant, vraiment ? Non, vraiment pas.
- Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, prévient sur les ondes que le cap économique - présidence des riches oblige - ne changera pas. Il y a quelques ratés, comme cette validation par le Conseil Constitutionnel du principe de référendum d'initiative populaire contre la privatisation d'ADP décidée en douce par la Macronie (reste quelques millions de supporteurs citoyens à trouver, la partie n'est pas gagnée).
- Le ministre Blanquer prévient qu'il ne changera pas non plus de route, mais l'ancien chouchou de la presse peine à déminer un mouvement de protestation qui s'étend dans les établissements scolaires, après l'échec de Parcoursup, les suppressions de postes et des classes, et la réforme du bac.
- Emmanuel Macron "assume" les ventes d'armes à l'Arabie Saoudite en niant qu'elles servent au Yémen à tuer des civils.
- Le ministre Castaner est toujours en poste, quel changement ! Malgré ses mensonges, ses appels à la répressions, ses Fake News en tous genres pour décourager les manifestations, le ministre le plus incompétent du clan mancroniste est toujours là. Le voici même qui accusent "les Gilets Jaunes" de vouloir bloquer les urnes.
Ami(e) macroniste, où en es-tu ?