"Un souffle d’air iodé et vous devinez que la mer est là. Le temps d’une infime respiration vous pénétrez, comme par enchantement, dans un autre monde, tendre et rude à la fois.
Des dunes plantées vont-t-elles affleurer à l’horizon ? S’agira-t-il plutôt d’une large baie grise et verte, coloriée çà et là de bateaux posés à marée basse ? Surgira-t-elle véhémente du pied d’une falaise abrupte ? .../... Surtout ne pas transformer ce pouvoir flottant de l’odeur qui, chaque fois différente, avertit que la mer est proche.
C’est au-dedans de soi que cette odeur des rivages repose et ravive la mémoire. Il y a la vase qui glisse entre les orteils, écœurante et chaude, avec ses relents enivrants. Il y a le sel poisseux léché à même la peau tandis qu’on essuie le sable qui colle aux jambes. Il y a cette végétation basse qui griffe les mollets et ces fleurs d’où monte à chaque pas un arôme corsé. .../... Mais le parfum des grèves, celui des plages de sable fin et des galets roulés, c’est plus que le passé. On pense à autrefois, aux cordons d’algues séchées, aux bois polis rejetés par les flots, aux myriades de puces qui jaillissent sous les pieds.
C’est plus que la bruyante et turbulente animation des stations balnéaires : les bouffées d’ambre solaire, les corps dénudés avec désinvolture, la course joyeuse des enfants et les « Vedettes Bleues » promenant des touristes ébahis. C’est l’odeur des bateaux au radoub, calfatés à l’étoupe goudronnée, le mugissement de la sirène et le sillage houleux d’un navire en partance, et le claquement musical incessant des drisses le long des mâts.
Plus tard je me tiens là, seul devant les vagues qui viennent me mouiller les pieds. Un temps je joue avec l’onde mouvante et sa bordure d’écume. Puis les cheveux humides et les lèvres séchées je ne sais quoi répondre aux cris des mouettes. Je suis des yeux le vol des goélands querelleurs.
Les pêcheurs de crustacés se perdent à l’horizon, plusieurs voiles blanches cinglent vers les îles lointaines, deux gros bateaux se fondent dans la brume et, là-haut, des flocons de nuages passent dans le ciel bleu. L’odeur est là, omniprésente, je ne la sens plus. Je voudrais m’arrêter, attendre et observer. .../..." Gilles Le Brech extrait de: "L'odeur des bords de mer"
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Pour le plaisir (comme dirait un Léonard hu! hu! hu!)
et un ptit bouillon KUB pour le lien et les souvenirs...
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La pie hour ou la pie birthday?
" Écrire, c’est dire quelque chose à quelqu’un qui n’est pas là. Qui ne sera jamais là. Ou s’il s’y trouve, c’est nous qui serons partis."
Thomas Van Ruymbeke
Le je du jeu