L’exposition du Musée d’Orsay montre que les modèles noirs sont présents depuis longtemps dans la peinture et dans les arts vivants même si, parfois, ils ne sont utilisés que pour mettre en valeur, par un jeu de contrastes, la peau blanche. C’est le cas, sans doute pour plusieurs toiles représentant des scènes de hammam (ci-contre une toile de Jean-Léon Gérôme).
Cependant, même si dépasser les caricatures et les préjugés est difficile, cette présence atteste d’une relation déjà ancienne. Au XIXe siècle, donc, Géricault choisit de donner un rôle essentiel à Joseph sur le Radeau de la Méduse. Avant lui, Marie-Guillemine Benoist expose au Salon de 1800 le « portrait d’une négresse ». Certes, cette appellation désigne un être servile mais la pose de Madeleine, puisque c’est le prénom de ce modèle, lui donne une image noble. Et voilà l’ambiguïté de notre perception.
Rafael Padilla, dit Chocolat, prend des coups avec Georges Footit, mais dans le petit sketch racontant la mort de Chocolat, Footit pleure.
Nadar caricature Alexandre Dumas et photographie Maria l’Antillaise.
L’exposition n’idéalise pas le corps noir ni les relations entre les modèles et les artistes. Elle témoigne d’une époque (de Géricault à Matisse) et nous invite à décoloniser notre regard.