Mémorial de la catastrophe de 1902- Musée Frank A. Perret,

Publié le 09 mai 2019 par Aicasc @aica_sc

Vous pouvez depuis ce mercredi 8 mai, découvrir le Mémorial de la catastrophe de 1902- Musée Frank A. Perret, récemment rénové,   à Saint – Pierre en Martinique.

Mémorial de la catastrophe Musée Frank Perret Photo JB Barret

C’est un bâtiment sobre et élégant, de formes pures résolument contemporaines, conçu par l’architecte Olivier Compère. Situé sur une esplanade qui domine la baie de Saint – Pierre, discrètement intégré au tissu urbain de la ville et de ses ruines,  sa façade de bois brûlé d’un noir somptueux aux éclats argentés  crée un harmonieux contraste avec l’indigo de la mer caraïbe. Cette technique japonaise du bois brûlé, le Shu sugi ban, comme un écho symbolique  à l’histoire de Saint – Pierre, détruite le 8 mai 1902  par une nuée ardente de la Montagne Pelée, offre en outre une excellente protection contre les intempéries et les insectes.

Photo JB Barret

Photo JB Barret

Photo JB Barret

Mémorial de la catastrophe Musée Frank Perret

A l’intérieur, un parcours continu en trois espaces présente une approche culturelle et humaine de la catastrophe, en synergie avec le tout proche Centre de Découverte des sciences de la terre, dédié quant à lui à l’aspect scientifique et vulcanologique.  Le futur Centre d’interprétation sur l’architecture et le patrimoine apportera bientôt en complément un éclairage sur  l’histoire urbaine et architecturale de la ville de Saint – Pierre.  Le mémorial – musée met donc en perspective la catastrophe de 1902 dans un cadre chronologique resserré  à travers un corpus singulier d’objets quotidiens laïc et religieux à forte charge émotionnelle.

Ce sont des objets déformés, fondus ou agglomérés sous l’effet de la chaleur intense : La cloche de bronze de l’Eglise Saint –Etienne du Centre, la grille du cachot de Cyparis, des accumulations de clous ou de ciseaux, une coupe en opaline…

cloche St-Etienne du centre
Collection Musée Franck Perret – St Pierre – Martinique – photo JB Barret

Coupe
oCollection Musée Franck Perret – St Pierre – Martiniquepalin bleu turc- Photo JBBarret

Grille du cachot dit de Cyparis
Collection Musée Franck Perret – St Pierre – Martinique Photo JB Barret

André Breton en montre quelques uns dans l’exposition d’Objets surréalistes de la Galerie Ratton de 1936, dans la section Objets perturbés : Bouteille, verre, fourchette et cuillère, trouvés après l’éruption du mont Pelé, à Saint Pierre, en 1902, coll. du gouverneur Merwart.  Et Brassaï en découvre dans une armoire de Picasso en 1946 .Ce dernier lui explique alors : Ils viennent de la Martinique. Vous êtes trop jeune pour vous souvenir du terrible cataclysme qui a détruit la ville de Saint-Pierre: l’éruption de la montagne Pelée, en 1902, je pense. En une seule nuit, le volcan l’a effacé. Mais bien qu’il ait détruit de nombreuses vies humaines, il a également créé quelque chose: des objets étranges tels que celui-ci, trouvés dans les ruines.  Tous ces verres fondus par la chaleur de la terre, ils sont aussi beaux qu’une œuvre d’art…

Sur les murs gris anthracite, la liste nominative des 7045 victimes identifiées à ce jour parmi les 30 000 victimes, liste  établie par l’Association martiniquaise de recherche sur l’histoire des familles tandis que l’audio guide égrène une série de témoignages authentiques lus par des comédiens : cartes postales, lettres expédiées peu avant la catastrophe, rapports, témoignages vous immerge au cœur du drame. Et quelques brèves images d’une éruption secondaire de 1903 filmées par George Méliès, inestimable document, vous laissent imaginer la violence de la nuée ardente du 8 mai 1902. La configuration de l’espace muséal, clos, clair-obscur contribue à vous placer en intimité avec l’évènement et à vous le faire revivre.

Photo JB Barret

Accumulation ciseaux
Collection Musée Franck Perret – St Pierre – Martinique – Photo JB Barret

La rénovation du Mémorial de la catastrophe de 1902- Musée Frank A. Perret a été réalisée en quatre mois dans le cadre d’un partenariat public /privé, d’une délégation de service public  attribuée après appel d’offre et procédure ad hoc à la Fondation Clément. Ce musée municipal sera géré pendant sept ans par un fonds de dotation spécifique, sans but lucratif, Culturabam, spécialement créé par la Fondation Clément pour ce projet. C’est donc un musée municipal, géré par la Fondation Clément pour une durée de sept années.

Ce musée municipal est le plus ancien de la Martinique, ouvert en 1933 par Frank A. Perret, un ingénieur et entrepreneur  américain, passionné de vulcanologie.  Lors d’un regain d’activité de la Montagne Pelée en 1929, Perret voyage jusqu’à la Martinique pour participer à l’installation d’outils de surveillance des volcans. Il crée alors ce musée qui porte son nom sur un terrain municipal avec des fonds privés. Bien qu’il ait été rénové à  deux reprises, en 1969 et 1988, cet espace muséal qui dans ses heures de gloire recevait  plus de 100 000 visiteurs en 1990, est vite devenu obsolète, malcommode et bien moins fréquenté, jusqu’à ne compter que 20 000 clients par an.

La rénovation de ce musée s’inscrit donc dans une nouvelle dynamique de développement culturel et patrimonial de la ville de Saint – Pierre. C’est une visite à la fois instructive et émouvante à ne pas manquer.

Ouvert 365 jours par an de 9H à 18H

Entrée gratuite tout le mois de mai

Dominique Brebion