Déjà auteur d’un documentaire Netflix – sorti quelques mois plus tôt sur la plateforme de streaming – consacré à Ted Bundy, Joe Berlinger se tourne désormais vers la fiction pour raconter l’histoire d’un des tueurs en série les plus célèbres des États-Unis.
Très au fait de son sujet (on sent une forme de fascination pour le personnage), le réalisateur évite brillamment les pièges racoleurs inhérents à ce genre de biopic en choisissant un angle nouveau pour brosser le parcours du tueur : celui de sa relation avec sa petite amie. Par ce choix judicieux, le cinéaste parvient à développer une véritable ambiguïté autour du personnage, opposant constamment l’image ignoble dépeinte par les médias et celle tendre et charmeuse émanant de la sphère privée. Une ambiguïté fascinante qui tient aussi beaucoup à l’interprétation fabuleuse de Zac Efron. Complètement habité, l’acteur américain livre certainement l’une des plus belles performances de sa jeune carrière, composant scène après scène le portrait d’un homme complexe, tout à la fois brillant, charmeur et monstrueux. Si le comédien éclipse largement ses partenaires de jeu, le reste du casting ne démérite pas pour autant. A l’image par exemple de Lily Collins, extrêmement touchante en compagne rongée par le doute et la culpabilité, et John Malkovich, charismatique en juge impartial animé par une humanité palpable. Sans oublier non plus Kaya Scodelario, convaincante dans un rôle relativement inhabituel.
Emmené par un Zac Efron incroyable dans la peau du célèbre tueur en série Ted Bundy, Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile est donc un thriller dramatique fascinant, dressant le portrait d’un homme complexe, tout à la fois brillant, charmeur et monstrueux. Dommage cependant que l’intelligence de l’angle narratif débouche sur un récit aussi édulcoré, plus proche de l’hagiographie que du thriller noir.