All Jazz Quintet au Kasino de Saint-Quay-Portrieux, le 7 mai 2019
Mardi 7 mai, 18h, c'est officiel le cinquième festival Jazz Ô Château de Tréveneuc/Saint-Quay-Portrieux a débuté après l'amuse-bouche du premier mai.
Pour ce premier rendez-vous, Quand le jazz est là a programmé le combo All Jazz Quintet pour un concert gratuit dans l'élégant Kasino de Saint-Quay-Portrieux.
Une certaine confusion prévalait quant au début du récital, devait-il être abordé à 18h, comme le prévoyait le flyer ou alors à 18:30', comme indiqué sur la page web.
Tu te présentes peu avant 18h au bar de la maison de jeu, toutes les tables sont déjà occupées, Saint-Quay a répondu présent, en masse, à l'appel du comité organisateur.
All Jazz Quintet, un ensemble originaire d'Angers, a été baptisé par le diacre de Saint-Marin-Des-Champs il y a moins de quinze mois, mais déjà, il fait preuve d'une maturité certaine pour un nourrisson, allaité au jazz sous toutes ses formes.
Tu maîtrise parfaitement le vocable utilisé par Marcus Tullius Cicero et donc tu sais que quintetto est synonyme de cinq éléments, ils ont pour nom Antoine Perier - saxophones alto et baryton/ Christophe Aubry - flûte traversière/ Emmanuel Quidet - piano./Etienne Merel - contrebasse. et Victor Jarry - batterie .
Deux d'entre eux, au moins, ont à peine atteint l'âge de participer aux élections, les autres ont vu le jour moins récemment.
Un passé?
Ils se déclarent amateurs,quelques Angevins égarés dans le Goëlo assurent pourtant avoir vu le jeune Victor au sein de VLAP, un soul/funk band sillonnant toutes les routes entre Tours et Angers.
18:25, après une brève allocution du président de l'association, les cinq musiciens, ayant sorti leur costume de mariage ou de futur mariage, entrent en piste pour envoyer 'On the sunny side of the street', alors que les premières gouttes de pluie arrosent la plage.
La flûte est la première à se payer une escapade sur le chemin de l'école buissonnière, le sax, au repos, rêve à Coleman Hawkins, batterie, piano et contrebasse assurent le background.
Le cousin, éloigné, de Martine, passe le témoin à Antoine, puis c'est autour du pianiste de placer un impromptu raffiné.
Les amateurs de mainstram jazz played in a mellow mood se frottent les mains, les jolies serveuses virevoltent entre les tables pour contenter une clientèle assoiffée.
All Jazz signifie du jazz sous toutes ses coutures, le set sera varié, déclare le chef, voici 'Bluelesspie', du Caribbean jazz épicé rendant hommage à Dizzy Gillespie.
Les soli se succèdent, avec notamment une mise en évidence de la studieuse contrebasse.
Le capitaine s'éponge, on m'avait dit qu'il faisait froid en Bretagne, il a probablement confondu avec Vollore-Montagne dans le Puy-de-Dôme, puis il entame la ballade 'Stella by Starlight' rendue célèbre par Miles Davis.
L'endroit, cosy, et l'heure se prêtent à merveille à cet afternoon jazz détendu.
Deux secondes, svp, je ramasse le baryton avant de vous proposer le bluesy 'Out back of the barn' de Gerry Mulligan, le canasson en avait ras le bol de la grange, fébrile, il pique un galop nerveux, le cavalier le rappelle à l'ordre, tout se calme, mais la flûte s'envole, la batterie s'agite et donne le signal d'une nouvelle accélération.
Là-haut, Gerry sourit, académique mais vachement bien foutu, souffle-t-il à Tommy Flanagan.
'Listen here' et son assaisonnement piquant ont ravi les dames, admiratives et étonnées de voir les deux jeunes pousses se mettre au diapason des aînés.
Faut penser au break, souffle le comité.
Oui, oui, c'est la dernière du set un.
Et tout le monde a reconnu 'Take Five' de Dave Brubeck , composé par Paul Desmond, avec deux ou trois digressions empruntées au Boléro de Ravel.
Pause.
La seconde manche est entamée avec 'Cheese Cake' du chef étoilé Lester Gordon.
Les dés de fromage se marient formidablement avec la Hoegaerden ou la Warsteiner, et c'est de l'émotion pure qui te saisit quand ton cerveau t'envoie des images de ' Round Midnight' de Bertrand Tavernier.
Christophe: on fait quoi?
On suit le programme et enfile tes chaussures de randonnée, il prévoit 'Walkin' shoes' de Gerry Mulligan.
La romance 'Body and Soul' s'adresse autant à l'âme qu'au corps, et c'est assurément un des standards jazz les plus éclatants.
Le Kasino ne s'y trompe et succombe aux charmes de cette version élégante.
Et maintenant, Gilbert?
Direction le Brésil, Antonio Carlos Jobim la bossa nova, la chaleur moite et les filles sculpturales: "O Grande Amor".
Tu sais qu'il n'y a pas de gare ici, on ne jouera pas 'Take the A train', on leur envoie ' Idol Gossip' car on affectionne Gerry Mulligan.
Et pour terminer en mode cubanissimo on a choisi ' Chucho' de Paquito d'Rivera.
La salsa et les piments inspirent le batteur qui lâche la bride et c'est sous des applaudissements nourris que les anges, et les démons, quittent le podium.
Vous rentrez dans la patrie de Danièle Sallenave?
Non, demain ( le 8 mai) on joue à Binic ( L'Adresse) .
Rendez-vous ce soir pour Play Own Play au Centre des Congrès, toujours à Saint-Quay!
photos: Jazz Ô Château