Il sera influencé et par son père, éditeur de la section des Arts du Times et par sa mère qui était actrice. Il suivra ses pas. Mais, la Seconde Grande Guerre éclate. Allumé, il sera vite lieutenant et agent de reconnaissance des lieux aériens pour le débarquement de Normandie entre autre chose. Il sera fait capitaine pour ses photos aériennes et major. Très impliqué dans les mouvements en France, contre l'Allemagne et en Hollande.
Lors d'un moment particulièrement pénible, un jeep devant lui explose sur une mine. Un soldat britannique atterrit à ses côtés, sans jambes, avec un seul bras et les yeux exorbités. Il lui demande le tuer. Bogarde prend le temps de regarder si son arme est chargée, mais le temps de le faire, quelqu'un d'autre dans sa jeep s'en occupe. Les images vues là-bas l'habiteront toujours.
Il en gardera une aversion absolue envers les Allemands de sa génération. Ironiquement, trois de ses plus grands rôles seront tenus dans des films allemands, dont l'un d'eux, dans lequel il incarne un officier SS.
Il avait commencé une carrière théâtrale en 1939 avec le nom de Derek Bogaerde. Mais son agent le rebaptise Dirk Bogarde. Et il est suffisamment beau pour apparaître dans les téléromans journaliers et de jouer les jeunes premiers vers 1948, après la guerre. Un de ses premiers rôle au cinéma est celui d'un jeune criminel tuant un policier dans The Blue Lamp et celui d'un jeune artiste sauvant Jean Simmons de sa vie plate dans So Long at the Fair, en 1950. Il jouera aussi un meurtrier accidentel dans Hunted, Un jeune commandant militaire et un jeune homme emprisonné injustement, apprenant la survie de son amoureuse dans deux autres films. Mais ce sera le film Doctor in the House qui en fera un superstar britannique. Le film sera le premier de toute une série très populaire en Angleterre.
Il fera son premier film d'expatrié aux États-Unis avec Joseph Losey. Jouera dans un des premiers films mettant aussi en vedette Brigitte Bardot. Il a la bouille suffisamment trouble pour jouer les amants meurtriers dans Cast A Dark Shadow. Il tournera dans The Spanish Gardener, dans I'll Met by Moonlight, A Tale of Two Cities, The Wind Cannot Read, The Doctor's Dilemna et Libel.
Dans les années 60, il abandonne les films populaires pour entreprendre des rôles plus exigeants. Il commence avec un film traitant des humiliations homosexuelles, une première sur grand écran. Bogarde était fort probablement homosexuel, partageant sa vie avec l'acteur Anthony Forwood, mais ne se dévoilant jamais de sa carrière puisque l'homosexualité y ayant été criminelle presque tout le long. Il sera magistral de The Servant, auquel il participe aussi à la conception avec Harold Pinter. Il sera récompensé du BAFTA du meilleur acteur, en Angleterre pour ce rôle. Il sera avant-gardiste pour son rôle dans The Mind Benders, une idée en avance sur son temps. Il sera anti-guerre dans King & Country. Il aura un second BAFTA pour Darling. Il renoue avec Losey, un de ses réalisateurs préférés, encore écrit par Pinter. Il tournera sous la direction de Jack Clayton et de Lucino Visconti. Sera du très controversé Night Porter de Liliana Cavani, dans le rôle d'un ancien SS. Il rejouera pour Visconti, dans un film encore mémorable. Il sera brillant dans un tout aussi brillant Resnais puis de plus en plus fou chez Fassbinder. Il était le Daddy de Jane dans Daddy Nostalgie. Ce sera son dernier rôle.
Il aura aussi joué avec Ava Gardner, jouera Franz Liszt, sera faussement Mexicain, jouera avec Alec Guinness de manière sadique, sera du dernier film de Judy Garland, Fera de la comédie, plusieurs fois. Jouera avec Alan Bates dans une adaptation d'un livre de Bernard Malamud. Il sera le personnage titre d'un film de Micheal Powell et avec Laurence Olivier et John Gielgud. Il sera sous la direction de Cukor et de Attenborough.
À partir de 1977, il débute aussi une seconde carrière d'écrivain. Il publiera de son vivant 9 volumes de mémoires et de récits, 6 romans, des essais et des articles de journaux, des critiques, de la poésie, tout ça, dans un style très élégant.
Je me promets de lire un de ses écrits cette année.
Dirk Bogarde est décédé aujourd'hui, il y a 10 ans.