« A l’Hotel Régina – Dimanche 5 mai 1919. Les Sociétés de la Croix-Rouge des Etats-Unis, de France,de Grande-Bretagne, d’Italie et du Japon ont fondé la Ligue des sociétés de la Croix-Rouge, devenue la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ». Photo : Frédéric Joli
Il y a tout juste 100 ans, dans l’un des salons feutrés d’un palace parisien, l’Hôtel Régina, les Croix-Rouge américaine, britannique, française, italienne et japonaise fondent, le 5 mai 1919, la Ligue des sociétés de la Croix-Rouge.
Objectif : renforcer la coordination et les capacités de coopération entre les sociétés de secours nationales dont beaucoup, sous la férule du CICR, eurent un rôle déterminant pendant la première guerre mondiale ; par exemple dans l’acheminement de colis au profit des millions de soldats capturés. Il s’agit aussi de mieux valoriser le potentiel de secours et d’assistance que représentent pour le temps de paix ces sociétés de secours (catastrophes naturelles, épidémies, etc.).
Le premier président de la Ligue est Henry Davidson, banquier, qui, comme ses successeurs (et sans interruption jusqu’en 1944), est américain.
La création de la « Croix-Rouge du temps de Paix » s’inscrit comme l’une des conséquences du Traité de Versailles (28 juin 1919). En effet, quelques semaines auparavant, dans un autre palace parisien, le Crillon, proche du Régina, des diplomates, soutenus par le président des Etats-Unis, Wilson Woodrow, travaillent à l’élaboration d’un pacte, celui de la Société Des Nations (de février à avril 1919) ; la fameuse SDN, ancêtre des Nations unies.
L’article 25 de ce traité fixe la responsabilité des Etats membres à l’égard de la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge : « Les membres de la Société [des Nations] s’engagent à encourager et favoriser l’établissement et la coopération des organisations volontaires nationales de la Croix-Rouge, dûment autorisées, qui ont pour objet l’amélioration de la santé, la défense préventive contre la maladie et l’adoucissement de la souffrance dans le monde ».
Le CICR en 1919. A gauche, Gustav Ador, président du CICR (et de la Confédération Helvétique). 2ème en partant de la droite, William Rappard, membre du CICR et secrétaire général de la Ligue.
Un Suisse, que dis-je, un Genevois, William Rappard, joue un rôle déterminant dans la création de la « Croix-Rouge du temps de Paix ». Représentant officieux de la Suisse à la Conférence de la Paix de Paris en 1919, il fait tout pour que le siège de la Ligue des sociétés de la Croix-Rouge soit à Genève comme l’est, neutralité oblige et depuis 1863, celui du CICR.
La position de Rappard ne manque pas d’originalité puisqu’il occupe à la fois les fonctions de secrétaire général de la Ligue (1919-1920) et celle de Membre de l’Assemblée du Comité international de la Croix-Rouge (1917-1921), la plus haute instance de l’Institution !
Il paraît que Gustav Ador, président du CICR (1910-1928) et président de la Confédération helvète (!) n’appréciait guère le jeune et ambitieux Rappard… En tout cas, l’humanitaire lui doit pour beaucoup la Ligue, devenue bien plus tard, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.