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Le quoi ?

Publié le 13 juillet 2008 par Collectifnrv
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Maurice Szafran, dans la rubrique « notre opinion » du Marianne N°583, écrit : « Et s’y, à bien y réfléchir, le sarkozysme, c’était avant tout une manière de se comporter, d’exhiber et de s’exhiber, d’effacer les frontières, toutes les frontières, droite-gauche, privé-public, intérêts collectifs et individuels ? Dans ce contexte, l’intimité ne peut plus être une valeur en soi, puisque le mélange des genres vaut pour règle de vie. »

Voilà encore une analyse qui à trop vouloir, en quelques mots, circonscrire un sujet à sa part justement exhibée, escamote son contrepoint, ce qui le surplombe et l’initie.

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Si l’exhibitionnisme est avéré, si la volonté de confusion des limites, des camps est évidente, elles ne sont que des os à ronger offerts aux médias qui ne travaillent que cela : ce que l’on voit, ce qui est donné à voir et ce qui leur permet de se (re)positionner. Plus que jamais, les médias s’attachent aux images, dans tous les sens du terme. Ils regardent les images fournies (par eux-même). Nulle surprise de voir l’attachement que le pouvoir montre à s’emparer (un peu plus encore) des organes qui montrent, qui sont censés montrer ce qu’il se passe.

Le sarkozysme ne serait finalement que confusion et effusion. Une explosion des catégories, une partouze.

On peut alors multiplier à l’envi les variations du même tonneau ; des analyses mode, des visions pop. 

Le sarkozysme est une tendance fringues et attitude pour les temps modernes :

http://www.rue89.com/2008/06/27/milan-la-mode-hommes-est-au-poil

Le sarkozysme, c’est queer.

Le sarkozysme, c’est la déterritorialisation et la reterritorialisation.

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Le sarkozysme est transgenre.

Le sarkozysme fait rhizome.

Le sarkozysme, c’est la vie.

C’est Psy-show, le Loft, Strip-tease… C’est le on et le off, le in et le out, le vrai et le faux, le corps et l’esprit, pile et face, champ et contre-champ, Belle et Sébastien…

Le sarkozysme est post-tout. 

Si le sarkozysme est un exhibitionnisme, l’anti-sarkozysme n’est qu’un puritanisme. L’opposition n’aurait alors plus d’autre fonction que celle de s’émouvoir face à tant d’impudeur, de cet effacement des bourrelets, de se repaître (secrètement) de la vérité de ces corps enfin dévoilés… Et le journaliste ne fait finalement que son boulot de mateur expert. 

Tout cela ne mène nulle part. Si ce n’est à l’idée imposée d’irréductibilité de la situation. Tout est là, nous dit-on, sous nos yeux ; il n’y a pas à relever, à penser puisque tout est visible, déployé. 

C’est évidemment une construction. Le silence est toujours là, le mensonge ne s’est pas évaporé, la diversion prévaut plus que jamais. Il n’y a pas de mise à nu. La « politique » en action reste régressive ; elle exclut, rejette, cache, ment, cloisonne, corrompt. Elle vient de loin.  

Quelque chose se passe encore dans les usines, dans l’entreprise, dans les écoles, dans les centres de rétention, aux frontières, dans les associations, dans le pouvoir en place, dans les rues, dans les commissariats, dans les banlieues, dans les ports, sur la Méditerranée, en Afghanistan, en Europe, en Afrique, en Chine, dans les prisons, dans les têtes, dans les corps, dans la théorie… Quelque chose qui n’est pas le « sarkozysme ». Tout ceci relève plutôt de l’assujettissement opéré par l’idéologie dominante, les dispositifs classiques de l’oppression et de leur occultation par le bourdonnement généralisé. Il y a là des tensions, des coupures, des réponses. Du mouvement…  

La vérité est quelque part dans tout ça. Ce sont tous ces lieux qui doivent se réactiver et venir parasiter la marche monotone du pouvoir. C’est dans ce qui « n’existe pas » (car ni montré, ni vu, ni ressenti, ni même imaginé ; surtout pas) que se concentre ce qui peut être, ce qui doit jaillir. Le « sarkozysme » n’a rien à voir là dedans , il n’est ni une vérité, ni une audace ni une synthèse. Ce qui compte, ce n’est pas le sarkozysme ou l’anti-sarkozysme, deux illusions, mais c’est la machinerie qui soumet, qui se soumet et dont sarkozysme et anti-sarkozysme sont deux molles émanations spectaculaires. 

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