Ainsi, l'invitation de la banque à rejoindre son nouveau « Markets Acceleration Lab » est lancée à destination non seulement de ses opérateurs de marché mais également de ses spécialistes technologiques. L'objectif commun de la douzaine de candidats qu'elle prévoit de retenir pour la première promotion, à l'automne prochain, sera de concevoir et mettre en œuvre des modèles d'apprentissage automatique et d'intelligence artificielle afin de résoudre les problèmes et améliorer les opérations dans sa division de trading.
Naturellement, cette mission impliquera pour les uns de plonger dans les profondeurs de l'informatique et pour les autres de se familiariser avec les marchés financiers. Dans une large mesure, l'appropriation de connaissances technologiques représente un enjeu de survie pour le métier de trader, menacé d'un côté par l'automatisation, qui provoque d'importantes réductions d'effectifs dans toutes les salles de marché, et, de l'autre par un déclin des revenus de ce secteur d'activité au cours des dernières années.
Dans ce contexte, la vision que défend Citi est celle d'un modèle d'expertise pointue, qui requerra de la part de ces professionnels qu'ils comprennent et maîtrisent parfaitement les instruments et les marchés financiers, l'analyse quantitative et les technologies. Telle est précisément la raison pour laquelle la recherche de ces futurs spécialistes pluridisciplinaires s'adresse à la fois aux traders et aux informaticiens, tous ayant probablement besoin de compléter leur bagage dans un domaine ou un autre.
Mais il ne faut pas perdre de vue une autre perspective sur cette initiative. En effet, elle souligne tout aussi nettement l'exigence de transformation de la gestion du logiciel dans une institution financière, dont les responsables peuvent de moins en moins vivre isolés des besoins auxquels ce qu'ils produisent est censé répondre. Aujourd'hui, ils doivent impérativement travailler en symbiose avec les lignes d'activité qu'ils servent. Demain, ils devront s'y intégrer, comme membres à part entière, aussi qualifiés que les autres.
Il s'agit là, vraisemblablement, d'une tendance universelle : quand les progrès technologiques, en général, et l'intelligence artificielle, en particulier, promettent d'automatiser une multitude de tâches assurées jusqu'à maintenant par des personnes, la valeur ajoutée de l'intelligence humaine résidera – au moins pour un certain temps – dans sa capacité à savoir combiner des compétences diverses, dont, incidemment, le savoir-faire informatique sera souvent une brique élémentaire… mais insuffisante seule.