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Rencontres littéraires appétissantes

Par Gangoueus @lareus
Rencontres littéraires appétissantes
A l'occasion de la rentrée littéraire 2018, j'ai assisté sur Paris à deux rencontres disruptives à mes yeux. Certains me diront que ce n'est pas nouveau. Et je leur répondrai que pour ma modeste expérience, c'est assez inhabituel sur la place parisienne. De quoi parle-t-on ?
Réussir une rencontre littéraire et surtout rapprocher l'écrivain de ses lecteurs est un exercice complexe. De quel moment parle-t-on? Septembre, octobre 2018.  D'où part-on ? L'Ile de France, une mégapole de près de 10 millions d'habitants où tout va vite. Très vite. Comment y capter l'attention sur un événement littéraire ? Comment stopper ces hommes et ces femmes en mouvement constant, soumis au postulat métro, boulot, dodo ?
La pratique de la rencontre littéraire est assez formatée du côté de Paris. Le cadre défini : souvent une librairie. Parfois un restaurant privatisé. Et s'il ne l'est pas, l'espace temps est contraint. Une rencontre littéraire dans ce contexte est souvent brève. Une heure dans les meilleurs des cas. Mal scénarisé. L'écrivain est assis sur son trône avec un modérateur, un critique sensé décoder son œuvre et amener l'homme de lettres à s'exprimer sur son chef d'oeuvre. Quand les choses sont rondement menées, le public à la possibilité de réagir aux propos de l'auteur. Et l'auteur peut faire ses signatures. La finalité de la rencontre. Normalement. Vendre des livres.
Parfois, on observe des formes sortant du cadre. Je me souviens du jeune écrivain congolais Jussy Kiyindou réalisant une performance artistique autour du sujet de son roman qui questionnait l'écartèlement d'un personnage entre de deux cultures, le deuil, la solitude, le culte des ancêtres. J'avais aimé la performance. Je n'avais pas tout compris et dans le fond, le but était d'aller chercher dans l'œuvre des réponses. Les palabres autour des arts ont tenté de proposer une approche différente avec de vrais lecteurs épuisant un thème avec plusieurs œuvres analysées plus ou moins finement. L'invitation de cette pluralité de regards avec parfois de bonnes contradictions entre chroniqueurs, a fait de cette rencontre un moment intéressant autour du livre sur la place parisienne.
Pourtant déplacer les lecteurs relèvent des douze travaux d'Hercule. Aussi quand Patrice Nganang a parlé d'une rencontre de trois heures autour de son roman, je me suis tout de suite demandé si on gagnait du temps pour gérer les retards pour faire salle comble au démarrage effectif de la rencontre. De plus, quand j'ai vu arriver les plats camerounais et que la rencontre fut réellement lancée par la dégustation des mets venus de l'Ouest de ce pays, je fus très surpris. La rencontre était pensée comme une performance où l'écrivain répondait aux questions en proposant de longues lectures. Il riait. Il pleurait en lisant des portions de son roman. Il était heureux de partager son texte. On était en famille. Patrice m'a confié qu'en Allemagne ou aux Etats-Unis, les gens paient un droit d'entrée souvent pour entendre un écrivain lire son texte. Au final, la rencontre fut riche et différentes formes d'interactions avec le public furent obtenues et les panses remplies.
Quelques semaines après, je me retrouvais du côté de Belleville dans les faubourgs populaires de la capitale française. Gauz réunissait ses aficionados, lecteurs, écrivains, journalistes dans une atmosphère tout aussi conviviale. Une petite brasserie tenue par un ouest-africain. Un peu pressé par mes contraintes de banlieusard, j'ai tout de même savouré un aloko avec des brochettes douces… Là encore, l'écrivain s'extrait d'un format convenu. Il passe d'un lecteur à un autre. Gauz aime ce face-à-face direct. Une rencontre entre amis. Au-delà de la rencontre, on noue des contacts. On réseaute de manière informelle. Qui mieux qu'un auteur peut proposer un cadre intelligent, optimal pour communiquer autour de son œuvre. Pour intéresser le public à son travail. Toujours dans la phase de promotion de son roman, sur sa page Facebook, P. Nganang se réjouissait de parler de son livre dans le cadre d'une réunion de tontine, au plus d'un lectorat concerné à conquérir… Avec Gauz, on a d'abord papoté. On a parlé de tout et de rien. De littérature accessoirement avant la rencontre ne commence. Les contraintes de transport ne m'ont permis d'assister à toute la rencontre. Mais le public était ferré et tout était réuni autour d'un partage sur Camarade Papa.
Dans le fond, je suis conscient que tout cela n'est pas simple à mettre en œuvre. Surtout du point de vue de l'auteur. Mais, il y a sûrement pour les passeurs de mots de tout poil, un moyen d'appâter le public et de sortir des formats trop classiques et inefficaces en particulier dans le monde du livre des Afriques.
A bon entendeur, salut !

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