nirvimarśā saṃvit svato ' labdhasattākā paraṃ vyavasthāpayituṃ nālaṃ gaganakusumam iva saurabhādijanane ||Ad Ajadapramâtrsiddhi, 10
"Privée [du pouvoir] de prendre conscience [de soi], la Lumière consciente [ne serait pas consciente], comme un cristal par exemple. Même si en elle se manifestaient toutes les choses de l'univers, elle serait comme si elle n'était pas, elle serait tout à fait comme un objet privé de conscience, car elle serait alors privée de liberté, et aussi parce qu'elle serait comme sourde et muette, c'est-à-dire inconsciente quand aux opérations des choses variées [même si elle les manifestait]. En disant cela, on réfute aussi la théorie de l'absolu statique [des partisans du Vedânta]....Une conscience sans conscience de soi serait incapable de savoir qu'elle existe : elle serait incapable d'établir l'existence de quoi que ce soit d'autre, à l'image, par exemple, d'une fleur imaginaire, incapable de produire un [réel] parfum."
Ce qui n'a pas conscience de soi ne peut avoir conscience de rien. Une conscience sans conscience de soi est une conscience... inconsciente. Ça n'est pas une conscience du tout. De même "conscience" est synonyme de liberté, de désir, d'action et de création. Il est impossible de réaliser l'un sans les autres. Si je réalise que "la conscience transcende les chose" sans réaliser le reste, c'est alors une réalisation partielle de la conscience par elle-même, une conscience inconsciente. De plus, la dualité entre la "conscience pure" et les choses, considérées comme réelles (comme dans le Sâmkhya) ou non (comme dans le Vedânta) est... une dualité. Cette réalisation de la conscience comme transcendance qui exclut la dualité est donc dualiste. Le Vedânta, comme le Sâmkhya (et donc Patanjali) sont donc des philosophies dualistes.
Pas de non-dualité sans reconnaissance que la dualité est une libre manifestation de la conscience.