Si on suppose que la Constitution est pour un pays ce qu’est la bible pour les chrétiens, l’on peut considérer que cet article est "sacré". Son non-respect doit donc engendrer des conséquences. On est alors tenté de se demander si cette liberté de la presse est entière au pays des Hommes intègres? Il y a des avancées notables avec l’adoption de textes de lois sur la presse au Burkina en 2015 sous le Conseil national de la transition (CNT) particulièrement une loi en faveur de la dépénalisation de la presse. Une grande victoire d’étape pour les défenseurs de la liberté de la presse.
Mais, il existe tout de même des formes et des actes de violation de ce droit des journalistes. En atteste le cas récent du technicien de presse du média en ligne Radars Info Burkina qui s’est fait bastonner par des gendarmes dans l’exercice de ses fonctions après avoir au préalable décliné son identité et son activité. Il a même vu son outil de travail être confisqué. Un cas qui n’est pas isolé au regard du rapport du Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) sur l’état de la liberté de la presse 2018 au Burkina Faso. "La plus grosse menace a été brandie, en 2018, contre le journal Le Courrier Confidentiel et émane de l’homme d’affaire Inoussa Kaboré à la suite de l’affaire dite de "i[blanchiment de capitaux et de complicité de faux en écriture de commerce" révélé en 2017. Après avoir obtenu un non–lieu en juillet 2018, l’homme d’affaire a initié une action en justice contre le journal pour "dénonciation calomnieuse" et demande au tribunal de condamner le journal d’investigation à la somme de
11.175.573 euros soit 7 milliards 320 millions de Francs CFA à titre de dommages et intérêts. Une affaire pendante car le non-lieu a été remis en cause par la Cour d’appel indique le rapport de la page 23 à 24.
Dans tous les cas, pour Reporters Sans Frontières (RSF), "le Burkina Faso se classe parmi les réussites du continent africain en matière de liberté de la presse". RSF reconnait cependant que "certaines pressions demeurent sur les médias et les journalistes".... La référence mondiale d'évaluation de la liberté de la presse dans son rapport 2019 classe le Burkina Faso 36e sur 180 États loin devant de grandes puissances telles que les États–Unis, la Russie et son voisin proche la Côte d’Ivoire.
Ainsi, à travers ce rang, le pays est 4e en Afrique, 1ère dans l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), et 3e dans l’espace de la Communauté Économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Un gain de cinq places pour le Burkina qui occupait le 41e rang en 2018. Ce positionnement réjouit le ministre en charge de la Communication Rémis Fulgance Dandjinou qui déclare: "C’est un succès pour tous les acteurs. Ce classement est une photographie du pluralisme, de l’indépendance des médias, de la qualité du cadre légal et de la sécurité des journalistes". Ceci dit, la sécurité effective des journalistes et également une fiscalité révisée en faveur des organes de presse permettraient au "4e pouvoir" de s'exercer plus librement. La liste n’est pas exhaustive mais reste la seule garantie d’une réelle liberté de la presse!
Chaque année, le 3 mai, la liberté de la presse est mise à l’honneur pour quelques heures. Et cela tombe bien, car ces derniers temps, elle est singulièrement mise à mal, que ce soit en France ou dans le monde et elle a bien besoin de soutien. Comme...